Créations

D’où je viens

Depuis mon enfance, je me suis aperçue que j’étais très différente. Même excessivement. J’ai essayé d’en parler avec mes parents, mais pour eux aussi cela n’a jamais été facile. Peut-être qu’ils regrettent plein de choses, comme avoir formé un couple ou de ne pas être comme les autres parents. Cela devient alors sujet de moquerie à mon école. Et c’est cela le plus difficile…

 

Je me dirige vers mon casier, ou plutôt ce qui en reste. Les mots qui y sont écrits sont dignes d’un renvoi. Rien ne se passe. On se fou qu’un élève se fasse harceler, intimider. Je prends mes livres et referme la porte derrière moi. J’essaye de ne pas faire attention à ce que les gens disent dans mon dos. Je rentre dans la classe et m’assieds à mon pupitre. 

 

« Tu devrais avoir honte d’être là » Voilà ce que je vois sur le dessus de mon bureau. Les autres me regardent en attendant ma réaction. Même si je m’y suis habituée, je ne suis plus capable de me retenir. Pendant que ma classe parle et fait ses choses, je me dirige vers la porte. Cela va nullement améliorer ma situation, j’en ai conscience. Tout ce que je veux, c’est me retrouver seule. Je me déplace devant la porte de l’école. Je regarde le couloir vide et je le quitte sans laisser de trace. Je commence à faire le tour du quartier. Je regarde les maisons et j’essaye de voir ce que les gens pourraient faire pour qu’elle soit plus belle, attirante. 

 

4h30, voilà ce qu’indique ma montre. Je marche en direction de ma maison. Avant de frapper à la porte, je récite le texte que j’ai préparé. Salut papa, je suis rentrée ! Oui, l’école s’est bien passée. Je peux aller dans ma chambre ? Je commence à toquer dans l’entrée de la maisonnée. Sans surprise, je vois mon père, avec un regard grave. Je sens presque mon subconscient réagir : Tu vas te faire chicaner ma vieille.

-Viens, il faut qu’on parle !

Je le suis jusqu’au salon. Ils sont là tous les deux assis et attendent sûrement que je fasse de même. Je m’écroule sur le sofa. 

-J’ai reçu un appel de la direction, commence-t-il. Ils disent que tu es partie de ton cours, et que tu n’es plus revenue par la suite. Est-ce vrai ?

Je le regarde bouche bée. Les larmes commencent à couler tout seul de mes yeux. Je veux me retenir, cependant, c’est plus difficile qu’avant. 

-Ma chérie, mais qu’est ce qu’il se passe ? Dit mon autre parent.

Je saisis la chance de pouvoir leur parler et je m’ouvre aussi facilement qu’une moule cuite. Je leur explique ce qui se passe à l’école, que je me fais intimider. Je commence à sangloter de plus belle. Ils se lèvent et me donnent un câlin. Ils me répètent que tout va s’arranger. Même si je n’y crois pas trop, je m’accroche à cette pensée. Je les serre encore plus fort. Ils sont peut-être à l’origine de ma différence, mais je les aime quand même. Mes deux parents. Mes deux papas.