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L’itinérance au Québec on en parle?

J’estime être choyée dans la vie. Je mange à ma faim, j’ai un toit sur ma tête et de très bonnes personnes qui m’entourent. C’est tellement facile de dire que nous n’avons pas tout ce que l’on voudrait, qu’on aimerait plus de cadeaux ou je ne sais quoi… J’ai quatorze ans et malgré les divergences d’opinions que je peux avoir avec mes parents je me sens soutenue dans ma vie. Mes possibilités d’avancement sont infinies et ne font que commencer ! Malheureusement ce n’est pas le cas de tout le monde. Certaines personnes ont rencontré des épreuves si difficiles qu’elles ont tout perdu. Que ce soit au niveau de leur couple, leur logement et même parfois leur entourages !

 

En sixième année ma professeure nous a poussé vers l’idée que nous sommes vraiment chanceux dans la vie. Elle tenait à ce que l’on comprenne que certaines personnes n’avaient pas cette chance. Au contraire, il pouvait arriver de tout perdre et de se retrouver dans la rue. Elle nous a entraînés vers l’itinérance et ce que cela pouvait engendrer. Nous avons alors commencé à travailler pour aider les personnes dans le besoin à mieux vivre et être davantage heureux. 

 

Cela a semé en moi, la volonté de comprendre la vie de ces personnes, je veux aussi comprendre comment en sont-ils arrivés à être dans la rue. Comprendre leur histoire et la force intérieure qui leur permet d’avancer jour après jour. D’aller voir l’au-delà des clichés et des fausses idées.

 

Dans la même initiative de vouloir comprendre, je suis allée à la rencontre d’un travailleur psycho-social du Sac à Dos, Joseph.
*La Sac à Dos est un organisme à but non lucratif qui lutte dans l’optique de réduire l’itinérance au Québec. Pour ce faire ils vont offrir différents programmes afin que les gens en situation d’itinérance aient une chance de s’en sortir et de revenir dans la société.*

 

Pour vous partagez mon expérience vécue j’ai décidé de séparer mon article en deux parties. Celle-ci va traiter des tabous reliés à l’itinérance. Je vais essayer de vous faire changer d’avis ou bien aiguiser vos connaissances! Dans la deuxième parutions, je décrirais l’historique du centre pour personne à risque ou en situation d’itinérance le Sac à Dos. En faisant mes recherches sur le web, avant l’entrevue, j’étais tombée sur des statistiques assez parlantes. Au printemps 2018, il y avait 5800 itinérants visibles (définition au bas de l’article) dans les 11 régions ciblées du Québec. C’est une augmentation de 8 % par rapport au registre de 2015. Il faut aussi savoir qu’un dénombrement n’est jamais exact. En effet, il est très difficile de mettre un chiffre sur le nombre réel en situation d’itinérance. Joseph a confirmé l’ensemble des statistiques avec quelques détails en plus, parfois en hausse pour Montréal.

 

Dès le début, j’ai très légèrement effleuré le sujet des préjugés et tabous reliés à l’itinérance. Avant d’aller à la rencontre de Joseph, j’ai essayé de comptabiliser un maximum d’idée sur les « sans-domiciles-fixes ». Dans les lignes qui vont suivre, vous trouverez le stéréotype d’une société ainsi que la réponse de quelqu’un qui côtoient des personnes en situation d’itinérance. Chaque jour en faisant des suivis psycho-sociaux.
*Pour les explications ‘’j’ai’’ va représenter Joseph*

 

Ils sont tous alcooliques/drogués :
Si on remet en contexte l’itinérance par rapport à la société, c’est totalement faux. Dans notre société québécoise, il y en a des gens avec différents problèmes de consommation, c’est seulement qu’ils sont davantage cachés. Lorsque tu vis dans la rue, tu es constamment vulnérable et blessé. Alors si l’alcool ou bien les drogues peuvent te permettre d’avoir un moment de répit, l’instant d’une seconde. Ne faudrait-il pas être fou pour refuser ? Cela leur permet d’être enfin heureux et libéré de leurs constants problèmes.

 

Les mendiants ont décidé de se retrouver à la rue :
En aucun cas j’ai connu une personne qui m’a affirmé avoir tout quitté pour se retrouver à la rue et être heureux. On ne décide pas de perdre son emploi, se faire laisser pas son ou sa conjoint(e) ou bien de se faire enlever la garde de son enfant. Pourtant ce sont tous des choses qui arrivent, jour après jour. Dans quel cas mettons-nous la faute sur la personne victime? Ce sont aussi de nombreux dénominateurs communs qui peuvent vous faire détourner du droit chemin pour vous retrouver à mendier, seul, dehors. Pour avoir un travail, il faut une adresse. Pour avoir une adresse, il faut payer un loyer. Malheureusement, les personnes en situation d’itinérance n’ont pas les moyens de le payer!

 

Ce sont des bons à rien :
Ce n’est pas parce qu’une personne n’a pas de travail répertorié qu’elle est systématiquement bonne à rien. Reculons dans le passé, au moment où travailleurs autonomes n’étaient pas reconnus par l’État. Nous ne disions pas de ses gens qu’ils ne faisaient rien de bien. Dans le cas de l’itinérance, c’est pareil. Il ne passe pas une journée sans qu’ils doivent surmonter nombre d’épreuves que nous ne pourrions pas affronter.

 

Ils sont faibles :
Je suis prêt à en entendre des critiques contre mon travail, j’en reçois constamment. Les itinérants aussi. Mais jamais je ne pourrais accepter que l’on les traite de faibles. Ce sont les personnes les plus fortes que j’ai rencontré de toute ma vie ! Ils se battent chaque jour contre le froid, la maladie, le manque de ressources… Il faut être très fort pour vivre dans la rue. Chaque personne a un désir fou de vivre et de combattre les épreuves jour après jour! Vous ne pourriez  même pas survivre un mois avec de telles conditions. Pour certains, c’est ainsi depuis plusieurs années!

 

La prochaine fois que vous marcherez à Montréal et que vous croiserez quelqu’un en train de mendier, ne détournez pas le regard. Un simple sourire peut enchanter leur journée. Ils sont humains et ne méritent pas qu’on les traitent comme des moins que rien. Tout seul, on ne peut pas changer la situation, mais au quotidien, en rectifiant les paroles de certains, l’impact sera beaucoup plus grand! 

 

 *Définition de l’itinérance visible: L’itinérance visible se produit lorsque la personne sujette est reconnaissable dans différents lieux, que se soit trottoir, centre d’achats… Elle est plus présente chez les hommes que chez les femmes.

 

*Définition de l’itinérance cachée : L’itinérance cachée se produit lorsque la personne sujette n’est pas visible. Elle peut se loger chez un(e) conjoint(e) un proche… Il est très complexe de comptabiliser les personnes en situations d’itinérance cachée. Elle est plus présente chez les femmes que chez les hommes.