Créations

Le grand départ

Voici le chapitre 2 de l’histoire publiée précédemment Froid comme la mort. 

    Mais vous ne comprenez donc pas! Quatre enfants sont morts par votre faute et votre négligence! Vous nous aviez promis que des renforts devaient venir nous supporter pendant l’opération. Il n’y avait personne, vous n’étiez pas présent vous non plus alors vous n’êtes pas mieux! Cria Louis à son père les poings sur la table.

    Il était de ton devoir de t’assurer de la survie des jeunes magiciens. Mais tu étais trop occupé à jouer les héros! Hurla le père de Louis à son fils hors de lui.

    Ils étaient deux fois plus nombreux que nos troupes, ils avaient des catapultes et des armes bien affûtées, cessez de croire que l’issue aurait pue être différente, la mission était condamnée à l’échec dès le départ : la milice que vous m’avez trouvée n’était pas composée de vrais guerriers de la Grande Cité, mais plutôt de novices qui n’avaient pas l’expérience du combat ni la conscience de l’ampleur de cette campagne militaire!

    Mais vous n’avez donc aucun respect pour la Grande Cité! Retirez vos commentaires odieux et considérez-vous chanceux d’être toujours vivant!

    Assez! Louis frappa la table et renversa les verres de vin. La honte devrait gruger votre chair jusqu’à l’os! Vous ne devriez pas vous adresser ainsi à l’élu que je suis, père! Vous devez respect à la position que je représente.

    Ha! Est-ce toi qui me fait la morale! Tu ne sais même pas pourquoi ces enfants sont si importants. Tu ne les as pas vraiment sauvés, à l’heure qu’il est, des magiciens sont en train d’extirper leurs pouvoirs pour te les attribuer, toi l’élu!

    Alors tant mieux! C’est la moindre chose que leurs pouvoirs me soient donnés après les avoir sauvés!

Louis renversa la table et quitta la pièce.

 

Plus tard ce matin-là, une foule de nobles confluait précipitamment dans des estrades de la place centrale pour assister au grand départ. Tout le monde faisait la fête, les nobles fumaient le yoxtam, un champignon sauvage au goût sucré et aux propriétés énergétiques fulgurantes tout en brassant leurs bouteilles de tarwak, un alcool à base de lali, de lila, de mûres et de lime. Il s’agit d’un alcool très parfumé et très amer que l’on réserve pour les événements les plus festifs. Au milieu de la foule se tenaient près de 500 guerriers installés dans  une cinquantaine de calèches. Parmi eux, Louis et ses alliés de toujours passaient leurs têtes par la fenêtre du véhicule royal pour saluer l’assistance. Des tambours et des instruments à vents jouaient de la musique. Des particules magiques rouge et jaune tombaient du ciel traçant des doigts de fées à travers les rayons de soleil. Un silence respectueux s’installa sur l’assemblée afin de laisser la parole à un magicien qui s’installa sur l’estrade au centre de la place.

    Le grand jour est arrivé!

La foule explosa de joie dès les premiers mots du mage.

    L’élu est fin prêt à mettre un terme à la guerre qui fait rage depuis maintenant 300 ans! Jamais l’humanité n’a été aussi près du but, jamais l’humanité n’a été si près de vaincre le royaume le plus puissant et le plus redouté du monde!

Les cris furent encore plus forts cette fois. La fierté se lisait sur le visage de tous les nobles présents.

    Nous amorçons une campagne qui mettra fin à la Chose une bonne fois pour toute! Comme vous le savez, l’élu détruira la Couronne des Ténèbres, l’artéfact le plus important aux yeux de cette Chose. Sans celui-ci, elle sera trop faible pour résister à nos attaques et notre monde sera enfin libre!

L’audience était survoltée, la mousse jaillissait des bouteilles de tarwak et des chants de victoire fusaient de toutes parts. Un bruit sourd et grave se fit entendre et le convoi de véhicules partit. Les nobles quittèrent leurs rangs et coururent à la suite des calèches pour encourager les guerriers.

 

Dans la calèche royale, Louis discutait avec ses frères d’armes : Barbara, Marie et Astride. Ils se sont toujours entraînés ensemble, depuis leur enfance.

    Je ne peux pas y croire! Nous sommes si près du but! S’écria Marie 

    Ne crie pas victoire trop vite, dit Barbara d’un ton grave.

    La couronne des ténèbres est l’unique objet qui peut redonner tous ses pouvoirs à la Chose, dit Marie. 

    Nous en aurons pour plusieurs semaines de voyage parce que les trois fragments de la couronne ont été cachés en trois lieux éloignés, dit Barbara d’un ton obscur. Ses yeux fixaient le sol et elle réfléchissait.

    Pourquoi la couronne a été détruite en trois fragments? Demanda Astrid.

    C’est la Chose qui l’a détruite lorsqu’elle en est sortie. Nous l’avions enfermée dans la couronne magique, mais cela n’a guère fonctionné et nous voilà ici aujourd’hui, en route pour la détruire une bonne fois pour toutes, expliqua Marie.

 

Dehors, les arbres défilaient, les feuilles se berçaient au gré du vent et laissaient passer les faisceaux lumineux du soleil doré de fin d’après-midi. Le vent frais soulevait les cheveux châtains de Louis, qui réfléchissait au conflit qu’il a eu avec son père avant son départ. Jamais personne ne lui avait manqué autant de respect, il était l’élu après tout. Il n’aurait jamais dû se laisser marcher sur les pieds. Il se jura de faire tout en son pouvoir pour jeter son père en prison. Alors qu’il était perdu dans ses pensées, il perçut un bruit aigu venant de l’extérieur. Il se retourna vers ses frères d’armes, mais ils ne semblaient pas l’avoir entendu. Louis devait l’avoir imaginé. Une minute plus tard, des coups sourds se firent entendre, comme si quelqu’un cognait dans un coussin. Barbara semblait aussi interloquée que Louis. 

    Tu l’as entendu toi aussi? Demanda Louis à Barbara

    Arrêtez de parler, dit la guerrière d’un ton impatient.

D’autres coups se firent entendre accompagnés de petits cris sourds. Pourtant, tout semblait calme par la fenêtre. Les arbres continuaient de défiler et le chant bucolique des oiseaux était encore bien présent. Soudainement, pendant une fraction de seconde, ils virent des soldats se battre à l’extérieur, puis tout revint à la normale. Barbara voulut ouvrir la porte de la calèche pour jeter un coup d’œil à l’extérieur, mais elle était verrouillée de l’extérieur. Comprenant qu’il se passait quelque chose d’anormal, ils frappèrent la porte de leurs armes. La calèche royale était beaucoup trop renforcée et semblait résister à tous les coups. Barbara frappa alors violemment la vitre qui vola en éclats.

 

La calèche royale était victime d’une illusion, le trou de la fenêtre détruite permit aux guerriers de s’apercevoir que le convoi était attaqué. Barbara glissa sa main par la fenêtre et déverrouilla la porte de l’extérieur. Les guerriers se lancèrent hors de la calèche. Dehors la confusion régnait, des guerriers de la Grande Cité s’entretuaient, mais pourquoi? Un homme large et chauve s’approcha des guerriers.

    Mao! S’écrit le groupe de combattants en reconnaissant le puissant guerrier avec qui ils avaient été entraînés.

    Suivez-moi, nous ne pouvons pas rester ici, nous avons peu de temps, dit-il.

    Pourquoi êtes-vous ici? Demanda Marie surprise de sa présence.

    Le roi m’a chargé d’assurer de votre protection, ne posez pas plus de questions, il vous faut fuir et vite! Ordonna-t-il.

 

Le groupe fuit la route et rejoignit la forêt dans un élan de confusion total.