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Le dernier repos

Après de longues minutes de course, le groupe faisait face à un village. Il était nullement bien protégé, sans barricades ou douanes, ce qui facilita l’immersion des aventuriers. Ils marchaient dans une ruelle en terre battue, l’unique ruelle du quartier. Les habitants regardaient le groupe sans rien dire, ils ne semblaient pas choqués par l’arrivée d’inconnus armés jusqu’aux dents. Mao s’approcha d’une dame et lui adressa la parole :

– Pardonnez-moi mademoiselle, il fait bientôt noir et nous aimerions savoir si vous avez un endroit où nous pourrions dormir en sécurité?

– Nous avons une petite auberge au bout à droite de cette route, répond-elle.

Mao remercia la dame et ouvrit le chemin aux autres vers l’auberge. Le bâtiment était sur deux étages, il était en bois et il possédait quelques fenêtres. L’endroit était chaleureux et le village tout entier était plutôt mignon. Coincé trente ans en arrière, à l’époque où les vêtements étaient faits en fourrure de renard arctique et les cheveux coupés très courts. Cette mode était venue du nouveau mode de camouflage nordique des soldats. C’est lors de cette même époque, où les renards arctiques étaient tellement nombreux, qu’une grande chasse fut organisée. Une fois tous éradiqués, la mode changea pour le velour coloré et collet de fourrure ou manteau de peaux et intérieur de laine pour les plus pauvres. Ces modes sont souvent inspirées des habitants du nord, puisqu’il fait froid partout dans le monde et les habitants du nord montrent un bel exemple d’adaptation. Bien sûr, les bourgeois de la Terre fertile ajoutent leur petite touche, parce qu’ils n’accepteraient jamais de porter les mêmes vêtements que les impurs de la Terre du nord. Se retrouvant ainsi confronté à la mode d’il y a trente ans, Mao trouva cela bien amusant. L’auberge était simple, elle respectait les normes des bâtiments d’il y a trente ans : un petit comptoir au centre de la pièce, des tables sur le bord des fenêtres et, au deuxième étage, des chambres alignées sur un couloir longeant une mezzanine qui donnait sur la partie restaurant. 

– Combien pour une chambre? Demanda Barbara au barman, maintenant à la tête du groupe.

– Cinq pièces d’or par nuit ou quatorze avec repas inclus.

– Je vais prendre le repas inclus, mais vos chambres ont combien de lits?

– Trois.

  Alors je vais en prendre deux.

Barbara plaça l’argent sur le comptoir, puis le groupe monta dans leurs loges. Tout le monde se retrouva dans une seule chambre pour discuter.

– Nous devrons partir très tôt demain, avant même que le soleil ne montre le dessus de sa tête, débuta Mao. Je vais aussi monter la garde une première partie de la nuit et Érika fera la deuxième.

– Je comprends votre stratégie, mais vous voulez que l’on parte vers quelle contrée ? Parce que nous ne savons pas où se trouve le premier fragment de la couronne, cette connaissance était réservée aux magiciens de lumière qui nous servaient de guide. Dit Marie, la magicienne.

– Sachez que j’avais tout prévu, vous vous souvenez du raid que vous avez fait sur la prison qui gardait les enfants magiciens? Je n’ai pas pu venir parce que j’avais un rendez-vous avec l’un des magiciens de l’ordre de la lumière et il m’a donné ceci.

Mao sortit un médaillon avec un soleil en or gravé au milieu.

– C’est un objet magique très puissant qui ne peut être utilisé que par de très puissants magiciens de lumière. Le soleil indique l’emplacement des trois fragments de la couronne. Je me suis dit que Louis pouvait le lire, puisque c’est lui l’élu et qu’il est l’élu parce qu’il est né avec la marque de la lumière dans le dos.

Tout le monde se coucha une fois le plan complété.

 

Le lendemain, alors qu’Érika faisait son tour de garde, elle décida qu’il était temps de partir et elle réveilla les autres. Alors que tout le monde était prêt à partir, Érika se rappela d’aller s’assurer que le barman ne les dénonce pas, donc elle descendit voir le propriétaire de la taverne tout en avertissant ses alliés.

– Bonjour monsieur, nous avons payé pour le repas inclus, mais nous n’aurons pas le temps de manger ce matin, pourriez-vous me donner de la viande séchée qui se conserve bien? Demanda Érika, la guerrière viking.

– Oui, bien sûr!

L’homme quitta son comptoir et alla chercher de la viande. À son retour, il y avait trois cent pièces d’or sur la table et la guerrière aux cheveux roux en tresse le regardait avec un magnifique sourire. Perplexe, le propriétaire s’approcha de l’argent et Érika dit :

– Vous ne nous avez jamais vu, vous ne nous connaissez pas, même pas dans vos rêves et vous allez oublier notre existence.

Le propriétaire prix l’argent et donna la viande à la viking.

– Je ne vous connais pas et je ne vous ai jamais vu, c’est compris.

Soudainement, derrière eux, la porte s’ouvrit dans un grand vacarme. Érika était de dos, mais le barman lui fit signe de ne pas se retourner.

– Bonjour Aubergiste, auriez-vous aperçu un groupe de fugitifs qui paraissaient en fuite? Interroge une voix grave et rauque d’homme.

Érika n’avait aucune issue, elle savait que les étrangers étaient des soldats des ténèbres et que le barman ne pouvait pas leur mentir indéfiniment. Érika se retourna et s’écria :

– J’offre une tournée de bière à tout le monde! Sonnez la cloche, je veux fêter ma victoire contre les ensorceleurs rouges de la vallée d’Erthil!

– Oui, venez fêter avec cette brave guerrière viking!

Bien qu’il était encore très tôt pour prendre une petite bière, tout le monde se leva, voyageurs de passage et habitants du village confondus, pour se précipiter au bar. La cloche sonnait et les gens se battaient pour avoir les premières boissons. La foule matinale avait distancé les guerriers des ténèbres ce qui donna un peu de temps à Érika. Mais cela ne les empêchait pas de fouiller et de tenter de contrôler chaque personne afin de vérifier leur identité. Le barman profita de l’occasion pour informer Érika d’un passage secret permettant de monter à l’étage des chambres. La guerrière s’empressa de monter l’escalier de service, puis elle courut le long du couloir en frappant sur les deux portes de chambres qui leur appartenaient. C’est alors qu’Érika entendit un guerrier des ténèbres monter les marches. La guerrière fit profil bas en attendant qu’il arrive en haut. En à peine une fraction de seconde, la guerrière viking frappa de toutes ses forces avec sa hache qui s’abattit sur le garde qui s’écroula raide mort. Le deuxième guerrier des ténèbres monta, mais il resta sur ses gardes. Il sut bloquer l’attaque d’Érika et il la repoussa contre le mur. Profitant qu’elle soit maintenant sonnée et vulnérable, le guerrier fonça vers Érika en piquant la pointe de sa lame dans son ventre. Au même moment, Marie la magicienne du groupe, sortit de sa chambre et fit apparaître une flamme dans sa main sur laquelle elle souffla pour créer une gigantesque nappe de feu. Frappé par les flammes, le guerrier s’enflamma en hurlant de douleur. Heureusement, le feu était magique et il ne pouvait pas endommager la taverne ni blesser Érika. Le reste du groupe alla aider Érika en lui administrant des potions de guérison et du bandage. 

 

Après quelques dizaines de minutes, Érika se sentit mieux et le groupe se lança sur la piste du premier fragment de la couronne en se fiant au collier de soleil de Mao… mais ils n’avaient encore aucune idée des abominations qui les attendaient.