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Avons-nous encore une vie privée?

La découverte.

Comme le tiers des humains qui vivent présentement sur la planète Terre, vous possédez sûrement un compte sur un réseau social. Mais savez-vous vraiment à quel point ces grandes multinationales en savent sur vous? Effectivement, au cas où vous ne le saviez pas, à chaque fois que vous ouvrez l’une de ces applications, que vous commencez à regarder leur contenu ou que vous distribuez des « likes » ou des « cœurs » à la pelle, vous donnez ouvertement une mine d’or d’information vous concernant aux sociétés qui les gèrent. Dans cet article, vous allez suivre ma réflexion sur le sujet et espérons que quand vous aurez fini votre lecture, vous en saurez plus sur les sociétés qui tirent les ficelles de notre monde.

Tout d’abord, je dois le dire, moi et les réseaux sociaux, ça fait deux. Mais, comme beaucoup d’entre vous l’ont vécu avant moi, le jour fatidique est arrivé et j’ai finalement dû m’inscrire sur Facebook. C’est d’ailleurs par là que de nombreuses personnes ont commencé leur grande aventure sur les internets. En effet, pour la masse, il est beaucoup plus facile d’indiquer son adresse courriel et son nom sur l’interface soignée que Facebook offre que de devoir s’inscrire et mémoriser un autre mot de passe complexe à chaque fois qu’on veut profiter d’un nouveau service électronique. Maintenant, le gros de l’histoire peut commencer. Parce que dès que vous avez pressé le bouton « créer mon compte », Facebook va vous proposer une liste interminable de personnes que vous pourriez vouloir ajouter en « ami ». Mon affinité avec les réseaux sociaux étant aussi forte que ma capacité à socialiser avec d’autres êtres humains, je n’ai touché à rien mais c’est à ce moment que je me suis vraiment posé des questions. En effet, l’application a commencé par me proposer l’intégralité de ma famille. Plutôt logique, je lui ai donné mon nom. Mais ensuite, Facebook a commencé à présenter des personnes qui font partie de ma classe puis plus largement du Collège. Comment se fait-il qu’un réseau sur lequel je ne me suis jamais inscrit soit capable de me proposer des comptes si proches, mais si éloignés de moi en même temps? J’explique mon point. Personne dans ma famille rapprochée (mes parents et ma sœur) n’ont Facebook. Il n’y a que ma grand-mère et mes tantes qui y sont connectées, autant vous dire qu’elles n’ont aucun lien avec le Collège. Alors, qu’est-ce qui a mené l’algorithme de l’application à comprendre que je suis un élève de Saint-Paul? Mais surtout, qu’est-ce qui lui a permis de savoir qui est dans ma classe? 

Passons sur ce point. J’arrive sur l’interface de Facebook et là, tout bonnement, on me demande où j’habite. Et on me propose des endroits tellement proches de ma résidence que ça fait un peu peur. Finalement, quand je regarde dans les vidéos qui me sont recommandées, j’en vois des tonnes qui parlent de régime et de maigrir, ce qui est une drôle de coïncidence car j’ai suivi le régime de YAZIO cet été. Mais tout cela est explicable.

 

La rationalisation.

Quand on regarde toutes ces coïncidences, les réseaux sociaux peuvent faire peur, et c’est le cas. Mais je trouve qu’il est important de comprendre comment ils réussissent l’exploit de si bien nous connaître en si peu de temps, mais aussi pourquoi ils font cela. Pour ce faire, parlons du cas de Google. Vous êtes sûrement nombreux à utiliser leurs services. Google en lui-même, le moteur de recherche, Google Maps, Google Play Store, Google Pay, tous ces services recueillent des informations vous concernant. Google Maps s’occupe de déterminer où vous allez dans votre journée, de savoir où sont votre lieu de travail, votre maison, l’épicerie à laquelle vous allez le plus souvent, etc… Google Play Store s’occupe de recueillir certains de vos goûts. Sûrement que si vous achetez plusieurs applications qui sont sur le thème des chats, probablement que vous serez plus enclin à vous faire proposer du contenu en lien avec les chats… Finalement, Google et Google Chrome s’occupent de faire le reste. Comme ils savent ce que vous cherchez, ils comprennent mieux vos habitudes et savent vous recommander du contenu ou des sites qui correspondent mieux à vos intérêts. C’est une machine bien huilée et que vous le croyez ou non, Google en sait plus sur vous que votre propre famille.

La question qui subsiste encore dans tout ça, c’est: Pourquoi Google emmagasine tout cela? Parce que oui, ce n’est pas simple de créer tous les algorithmes nécessaires à compiler toutes ces informations. Pour cela, demandez-vous d’où viennent les profits de Google. Alors, ils vendent des téléphones… Mais ce n’est pas assez considérant que c’est dans le top 3 des sociétés qui font le plus gros chiffre d’affaires. Ils produisent des logiciels… Oui, mais ils sont gratuits. À ce moment, il faut ressortir un proverbe qui dit: Quand il n’y a pas de produit, c’est que le produit, c’est vous! En effet, Google tire la grande majorité de son argent de la publicité. Je m’explique. Pour la bonne compréhension de tous, le tout va être simplifié dans le prochain paragraphe. 

Pour la mise en situation, nous allons supposer que vous êtes un jeune vidéaste qui souhaite faire monétiser ses vidéos sur la plateforme de diffusion YouTube (à noter que YouTube appartient à Google). Vous allez activer cette dite monétisation et un algorithme va aller chercher des marques qui veulent faire passer des publicités devant votre contenu. Quand tout cela est fait, à chaque fois que quelqu’un va cliquer sur l’une de vos vidéos, une publicité devrait passer avant que ladite personne ne puisse regarder votre contenu. La marque qui est vantée dans la publicité va alors donner une infime somme d’argent qui va ensuite être envoyée à google, qui lui va en garder une toute petite partie, pour que finalement, le reste arrive dans vos poches. Si vous avez bien compris, Google a tout intérêt à ce que vous voyiez le plus de publicités possible. Et c’est à ce moment que les petits trucs de la firme entrent en jeu. Divisons tout cela en deux points.

  • Proposer le bon contenu.

On se rappelle que nous sommes dans un contexte dans lequel il faut que l’utilisateur regarde le plus de contenu possible. Alors, évidemment, le but est de le diriger dans son visionnement pour que tout ce qu’il voit soit adapté à ses préférences. La majorité du temps, les gens commencent à écouter des vidéos sur Youtube parce que quelqu’un le leur a proposé, ou parce qu’ils sont intéressés à en apprendre plus sur un sujet. Au moment où l’utilisateur clique sur la vidéo, il est transporté dans l’interface de Youtube. Cela comprend la vidéo, mais aussi d’autres contenus sur la barre qui se situe à droite de l’écran. C’est anodin, mais disons que je regarde une méthode simple pour créer un potager, probablement que je vais être intéressé par d’autres contenus en lien avec ce que je suis en train de regarder. Alors je clique, encore et encore. Pendant que je me divertis, Youtube analyse alors, et avec raison, que si je suis en train de regarder la quinzième vidéo sur le jardinage, c’est probablement que j’apprécie ce type de contenu. Alors, la prochaine fois que je vais venir sur Youtube, sur ma page d’accueil, je vais trouver des vidéos sur le jardinage, mais aussi sur d’autres sujets, parce que Youtube essaie de comprendre ce que j’aime. Pour montrer à quel point le processus est huilé, même la position des vidéos sur la page d’accueil est calculée. En effet, il a été démontré que le cerveau humain va presque toujours commencer à analyser une page du haut à gauche jusqu’au bas à droite. Youtube en profite, et va toujours afficher la vidéo la plus susceptible de vous intéresser en haut à gauche. Au fil des semaines, la plateforme va connaître les moindres de vos habitudes de visionnement. 

  • Proposer les bonnes publicités.

Si il y a autant de compagnies qui veulent voir leurs publicités sur Youtube, c’est parce que la plateforme les traite aux petits oignons. Effectivement, tout est mis en place pour que les marques trouvent de nouveaux acheteurs. Évidemment, les bonnes publicités sont diffusées au bon consommateur, comme expliqué précédemment, mais d’autres moyens moins orthodoxes sont mis en place pour faire plus de profits. Pour bien saisir le concept, prenons un exemple. 

Depuis mon inscription sur YouTube, je regarde principalement des vidéos sur le jardinage et je me fie à celui-ci pour me dégoter la crème de la crème de ce domaine. Pour cela, je me fie à ma page d’accueil. Depuis peu, je me suis mis à regarder un youtubeur qui plante principalement des patates. Toutefois, pour une quelconque raison, YouTube ne tient pas particulièrement à ce que je regarde certaines de ses vidéos. YouTube n’a qu’à ne pas me les proposer sur ma page d’accueil et je ne les verrai jamais.

 


Attention, la partie qui va suivre n’a pas été confirmée par la plateforme YouTube elle-même, mais un créateur qui est là depuis des années a fait une vidéo intéressante et documentée avec ses propres statistiques avec d’autres personnes qui démontre un point indéniable.

Sources au bas de la page.


 

Mais là, je sens qu’une question vous vient à l’esprit: Mais pourquoi YouTube déciderait-il volontairement de mettre moins de l’avant certaines vidéos dans les recommandations de ses utilisateurs ? Pour cela, encore une mise en contexte. Vous êtes une jeune entreprise qui souhaite faire la mise en valeur de son tout nouveau produit et vous savez que, sans le vouloir, quand vous passez devant, pendant ou après une vidéo, vous vous associez avec les propos de celle-ci. Souhaitez vous réellement vous afficher à côté de vidéastes qui ont déjà tenu des propos racistes dans l’une de leurs vidéos? Je ne pense pas. Vous vous dissociez alors de ces vidéos, ce qui est problématique pour Google car on se rappelle que c’est de là qu’ils tirent leur argent. C’est pour cela que certaines vidéos se font démonétiser, c’est-à-dire qu’elles ne sont plus accompagnées de publicités. C’est à ce moment que vous devriez commencer à comprendre. Si les vidéos ne rapportent pas d’argent, pensez-vous réellement que YouTube a intérêt à les mettre de l’avant? Non. Alors il ne le fait tout simplement pas.


Mais finalement, n’est-ce pas mieux pour tout le monde? L’expérience d’utilisation est meilleure! Après tout, ça ne me dérange pas que Google sache tout de moi, je n’ai rien à cacher.


Dire cela, c’est comme dire que cela ne me dérange pas que de devoir se taire pour l’éternité, après tout, je n’ai rien à dire… Parce que c’est bien que Google, Facebook et Tik Tok sachent tout de nous, mais parfois, ça dérape. En effet, beaucoup de questions éthiques se posent, par exemple: Si quelqu’un vient de sortir de prison, avons-nous le droit de le pister même s’ il a purgé sa peine? Si je vais sur le dark web, est-ce qu’il est mieux pour le moteur de recherche que j’emploie de me dénoncer? Est-ce qu’il est correct d’espionner les lignes téléphoniques de tout le monde dans l’espoir de trouver un criminel? Et ne croyez pas que tout cela est de la fiction, des hors-la-loi retrouvés grâce à leur activités sur le web, il y en a un bon nombre. 

Aujourd’hui, nous sommes entourés de toutes parts par la technologie. Maintenant, séparer le monde réel et virtuel, ce n’est plus possible. Nous naviguons sur internet comme nous marchons dans la rue et il est de plus en plus important de comprendre les conséquences qui peuvent arriver si nous l’utilisons mal. Car finalement, sommes-nous si loin de l’avenir prédit par Black Mirror?