Je n’ai jamais dit que je suis autiste. Enfin, presque. Juste à mes proches, à mes meilleurs amis, à mes enseignants et au personnel soignant. Je ne veux pas qu’on m’attribue les étiquettes souvent associées à l’autisme. Je veux que les gens me connaissent avant de savoir que j’ai le syndrome d’Asperger. La réaction la plus commune face à cela est : « Ah bon? Ça ne paraît pas! ». Bien sûr, il y a une bonne intention dans cela. Mais ça insinue que l’autisme devrait être facilement identifiable chez les gens. Cela est toutefois impossible, car l’autisme, c’est un spectre. On dit même qu’il y a autant de différents types d’autismes qu’il y a d’autistes dans le monde. Il y a effectivement des caractéristiques communes chez les autistes qui ne le sont pas chez les neurotypiques, mais pas assez pour qu’on puisse clairement faire la différence entre les deux.
En fait, il y a deux stéréotypes opposés de l’autisme. Le premier, le plus commun, est le fameux profil de l’autiste « Gny Dupont, étudiant à l’école maternelle, 21 ans, commence à marcher sur deux pieds, a prononcé le mot ‘papa’ pour la première fois très récemment et ses parents sont fiers. ». On le perçoit souvent comme ce personnage de film généralement jeunot, idiot mais attachant par son innocence. J’ai peut-être un tout petit peu exagéré, mais la plupart des gens pensent vraiment que les autistes sont toutes des personnes à retard mental majeur qui ne seront jamais assez intelligentes pour comprendre des systèmes complexes contemporains comme l’économie, la politique ou les mathématiques. Le mot « autiste » est encore aujourd’hui communément utilisé comme un adjectif synonyme à « débile profond, imbécile » et c’est très réducteur pour les personnes atteintes d’autisme qui ne méritent aucunement de se faire traiter ainsi. Il est vrai que certains autistes ont un profil similaire, mais c’est loin d’être une portion suffisante pour dire que c’est beaucoup. Assimiler « autiste » et « con », c’est exactement comme assimiler « noir » et « sale », ou « arabe » et « terroriste ». C’est une généralisation discriminatoire idiote, basée sur une minuscule portion. Je reviendrai sur ce sujet un peu plus tard dans le texte.
Le deuxième stéréotype, beaucoup moins populaire, est celui de « Julius Thomas, arrière-arrière-petit-fils d’Albert Einstein, 14 ans, vient de finir son cégep en maths fortes et en option sciences enrichies avec une moyenne générale de 98% et a, comme seul ami, son doudou porte-bonheur ». C’est encore une fois légèrement exagéré, mais il est vrai que certaines personnes pensent que tous les autistes sont des génies absolus qui n’ont aucune notion d’empathie ou de socialisation. Certains autistes sont comme cela, mais, encore une fois, c’est juste une minime partie.
Plus tôt dans le texte, j’ai mentionné la similarité entre l’assimilation de « autiste » et « con » et d’autres assimilations en prenant des exemples sur le racisme en disant que c’est idiot et basé sur une minime portion pour généraliser négativement l’entièreté de la population discriminée. Je tiens à remarquer que toutes ces généralisations ont un autre point commun : elles concernent des minorités et salissent leur réputation pour supérioriser la majorité. J’ai l’impression que les gens aiment bien étiqueter les choses de façon approximative juste pour avoir l’impression de bien savoir ce que c’est et ces réductions sont souvent très simples, encore une preuve que les gens le faisant veulent juste se simplifier la vie en simplifiant trop certaines notions pour penser tout savoir. Ces généralisations « simplifient » les connaissances, mais elles les faussent également. Tout comme d’autres que je n’ai pas mentionnées, mais qui ont exactement ces mêmes caractéristiques, comme le sexisme et les LGBTQ-phobies.
Pour conclure, je veux vous dire que l’empathie et la justice sont des valeurs très bonnes et très précieuses. De plus, aujourd’hui, avec Internet, c’est facile de s’informer sur les sujets qu’on ne connaît pas, alors profitez-en!
Wylliam Gélinas