Un matin de novembre 2082, Mike Morrison, 27 ans, fils du légendaire soldat américain Jack Morrison, décida de partir en exploration pour essayer d’aller visiter la « base abandonnée » et si mystérieuse dont son père racontait tout le temps l’histoire lors de la période d’Halloween. Celui-ci l’avait pourtant prévenu : contrairement aux autres contes d’Halloween, celui-ci n’était pas qu’une fiction. Mike n’en faisait qu’à sa tête et a choisi de se rendre vers le lieu de cette base ténébreuse dont personne n’était revenu, car personne n’a eu l’excès d’audace nécessaire pour oser s’y aventurer. En plus de cela, Mike eut le culot de penser pouvoir s’en sortir sans blessure ni traumatisme. Si Jack n’avait pas passé l’arme à gauche, il aurait bien empêché son fils unique et si précieux d’y aller par tous les moyens possibles et imaginables.
Mais la décision de Mike était prise. Rendu à la région de la base, il se sentit immédiatement un peu étourdi, il avait la tête qui tournait et une perte du sens de l’orientation. Comme s’il s’était téléporté dans une dimension alternative. La légère et fraîche odeur de rose avait disparu, tout comme les fleurs des alentours. Mike, se croyant aussi puissant que ses idoles Lara Croft et John Wick, continua d’explorer le secteur militaire hanté. Le lieu étant encore plus silencieux que la musique « 4’33“ » de John Cage, on pouvait facilement entendre le vent, qui était devenu beaucoup plus froid d’un coup, souffler lentement de temps à autre, donnant des frissons à Mike. Il ne s’était pas rendu compte que tout ceci n’était qu’un avertissement pour lui laisser la chance de rebrousser chemin tant qu’il le pouvait. Il continua donc de s’avancer dans le lieu hanté.
Le vent a soudain arrêté de souffler. On aurait pu entendre une mouche voler. Un bousin mécanique et familier fit sursauter le jeune Morrison. C’était le bruit d’un char d’assaut qui se déplaçait. Mike essaya de fuir ce son, mais le véhicule militaire semblait le suivre. Lorsqu’il put se réfugier dans un endroit fortifié, mais tellement poussiéreux et ancien que celui-ci avait peut-être encore des restants de la COVID-19, Mike put observer un peu son chasseur. C’était un M6, le char préféré de son géniteur, tout comme ses ancêtres avant lui. Cependant, en plus de la végétation qui semblait avoir réquisitionné celui-ci, il y avait un squelette humain qui sortait de la trappe. Il n’avait ni muscle, ni corde vocale, ni cerveau, mais il pointa Mike du doigt en hurlant un borborygme incompréhensible, enclenchant le mouvement de la tourelle vers le jeune terrifié et une sorte d’alarme cacophonique et irrégulière. Mike sentit un contact brusque d’une main squelettique sur son épaule, le faisant pousser un cri digne d’Ariana Grande. Par chance, un seul coup suffit pour faire exploser le squelette telle une structure Lego mal construite. S’inspirant de son paternel, Mike garda plus ou moins son sang-froid et se procura la première arme à feu qui était à portée de main. Une carabine M2 moussue et rouillée, mais chargée et utilisable. Le seul problème était que l’arme n’était pas assez puissante pour endommager le véhicule, forçant ainsi le soldat en herbe à battre en retraite et trouver un autre refuge.
Tel un enfant trop excité d’ouvrir ses cadeaux de Noël après avoir attendu minuit, Mike a oublié de regarder où il marchait et trébucha sur une racine plutôt imposante sortant du sol. Il n’y avait pourtant pas d’arbre dans les 550 mètres à la ronde, mais ceci était loin d’être la seule chose bizarre de cet endroit. De toute façon, Mike n’avait pas le temps de se soucier de cela, ni de sa blessure, malgré le saignement de celle-ci et la douleur qu’elle lui infligeait, l’empêchant de marcher ou de courir normalement sans boiter. Mika ramassa son fusil et continua sa course en la tenant des deux mains afin de pouvoir se défendre rapidement en cas d’attaque. Cette décision était juste, car un tas de terre commença à s’élever, formant un golem d’environ 3,5 mètres de hauteur, qui se dirigeait vers Mike pour le chasser. Son réflexe fut de tirer sur la sorte de noyau en or au ventre de celui-ci. Cette intuition l’a bien aidé, car en quelques tirs, le golem, à deux doigts de lancer son poing sur sa cible, explosa, propulsant toute la terre dont il était formé tout autour de lui et endommageant ainsi les bâtiments des environs. Pour certains d’entre eux, l’impact de la terre fut le dernier à avoir été encaissé avant de céder et de ne plus être considérés comme des « bâtiments ». Un des morceaux rocheux a passé très proche de la tête de l’aventurier, qui n’a heureusement pas été touché, si ce n’est que par quelques flaques de boue et de mélanges terreux manifestement assaisonnés de fumier.
Morrison, subjugué par ce qui venait d’arriver, revint très vite à la réalité en entendant les bruits des chenilles du M6 se rapprochant et se remit à s’enfuir. L’extérieur se faisant de plus en plus sombre, Mike dut sortir une petite lampe de poche de secours et l’accrocher à son médaillon avec un petit bout de ruban adhésif, qui, étonnement, fonctionnait très bien malgré l’état dans lequel il l’avait trouvé. Enfin rentré dans un abri après avoir flingué quelques squelettes qui sortaient du sol, Mike n’eut pas beaucoup de temps pour reprendre son calme, car le lourd char américain a tiré sur celui-ci, l’impact le projetant à l’autre bout de la construction. Heureusement, sa colonne vertébrale a plutôt bien encaissé le choc. Malgré la froideur du vingtenaire aventurier, il versa une larme, craignant que les prochaines minutes soient possiblement ses dernières. Il ne perdit tout de même pas espoir et son objectif était clairement de s’enfuir de cet endroit à cause du taux de dangerosité de celui-ci, beaucoup trop élevé pour être affronté seul, à l’exception de John Wick et Lara Croft, qui sont les seules personnes à probablement pouvoir l’affronter sans broncher. Pour ce faire, deux options s’offraient à lui : essayer d’évacuer le gîte en passant par les endroits les moins exposés, ou bourriner dans le tas en improvisant, mode YOLO. Pris en sandwich entre un mur n’ayant aucune issue et un char d’assaut n’ayant aucune pitié, Jack Morrison junior décida d’y aller en mode YOLO. Tout s’est ensuite déroulé très vite pendant quelques minutes. Il défonça la trappe du M6 après s’être jeté dessus, déglingua les squelettes humanoïdes à mains nues et prit le contrôle du véhicule militaire ancien, ayant l’impression d’avoir son héritage. Comme si son arrière-grand-père s’était usé les mains dessus, tout comme son arrière-grand-père avant lui. S’enfuir sera sûrement un jeu d’enfant! Ou pas.
Plus il s’éloignait de la base, plus il s’en rapprochait. Comme si elle était infinie. Comme dans un cauchemar, il était impossible de s’échapper. Il était pris au piège. Un seul objectif : survivre. Mais comment? Pendant combien de temps? Une phrase apparue dans la tête du soldat en formation : « Pour survivre, il va falloir improviser et nous adapter. » Il semblait avoir une zone circulaire plus à découvert que le reste de l’horizon, plutôt proche. Mike s’y dirigea, par simple curiosité, pour voir ce qu’il y avait. L’air avait arrêté de souffler depuis un moment, mais reprit encore plus fort que jamais. Si fort qu’il poussait le M6 en arrière! Une tornade se forma au milieu, invoquant un monstre à peu près semblable à celui qu’il avait flingué plus tôt, mais incommensurablement plus gros. Avec une blessure encore saignante à la jambe gauche, un bleu sur le front, le dos de la main droite légèrement écorché et un char d’assaut datant de la deuxième guerre mondiale n’ayant pas été entretenu depuis, cette tâche semblait impossible. Mais Morrison n’abandonna pas. Il pilota le char d’assaut comme si c’était dans ses veines. Comme un réflexe, une habitude héréditaire. Les points faibles de la créature monstrueuse étaient difficiles à atteindre, étant donné que la distance entre le char d’assaut et ceux-ci était grande et que les vents étaient impétueux. Tellement que le soldat devait garder son véhicule blindé à au moins 1 kilomètre de l’opposant, qui pouvait quand même l’atteindre facilement avec ses poings puissants au bout de ses très longs et gros bras.
Au moins 30 minutes s’étaient écoulées depuis le début de cette bataille déchaînée quand l’avant-dernier obus du râtelier de munitions fut tiré sur un point critique du monstre. Celui-ci sembla fou de rage, encore plus qu’il ne l’était déjà. Furieux et gravement blessé, il propulsa son poing d’une force monumentale proche du blindé, qui fut dangereusement endommagé par l’onde de choc du coup, suffisamment pour être mis hors service. Malgré ses nombreuses blessures, Mike piqua un sprint vers un char d’assaut M60 Patton qu’il avait aperçu au loin. La tempête foudroyante amplifia terriblement les blessures du survivant et ralentit sa course, mais celui-ci continua comme si sa vie en dépendait. Arrivé au Patton, il embarqua dedans et commença à le manœuvrer avec la même aisance étrange et inopinée qu’avec le char d’assaut précédent. Il pointa son canon de façon à ce que l’obus perforant puisse atteindre le point critique de la bête en un rien de temps et tira. L’ennemi mourant et la tempête infernale s’intensifiant, le monstre explosa, comme s’il avait été rempli d’explosifs nucléaires. Le soldat, sachant qu’il ne pourrait jamais résister à une telle explosion, accepta son sort, regretta d’être venu, mais était tout de même fier de mourir avec honneur. La déflagration toucha le novice, l’épreuve était finie. Il vit la lumière au bout du tunnel, la lueur de sa mort, et était prêt à défunter.
Cette lueur était étrangement… sombre? Comment ça? Serait-il en enfer? La grande porte s’ouvrit, laissant l’aveuglante lueur du ciel entrer et éblouir les yeux de Mike. Celui-ci, reprenant ses esprits, entendit « Simulation terminée, soldat Morrison. Félicitations! Prenez votre temps pour bien revenir à la réalité. »
