Arts et littérature

Mars, malterraformation / Chapitre 1: Espoir Naissant

Nous voilà en 2200, à la fin de la période nommée la « seconde révolution spatiale » et au commencement d’une humanité apocalyptique. Sur Terre, rien ne va, l’économie ne fait que se détériorer, la faim dans le monde, qu’augmenter. Idem pour les écarts entre les riches et les pauvres. 

 

Les humains n’auraient pas dû tenter de coloniser Mars et de la terraformer. Ils auraient dû anticiper l’effet de cet acte, mais nous savions qu’un jour ou l’autre la Terre pourrait ne plus être habitable. Ils voulaient créer un deuxième monde, un paradis à l’abri du déficit de la planète natale. Pour ce faire, les humains avaient envoyé des personnes ayant un comportement propice au développement de la colonie. Quand nous parlons d’un comportement propice, ce sont des qualités telles que la persévérance et l’honnêteté. Cela avait bien fonctionné, l’erreur n’était pas là. Le problème était venu de l’OMM (Organisation Mondiale Martienne). 

 

L’OMM avait voulu terraformer la planète rouge. Terraformer. Si nous divisons le mot en 2, nous pouvons y voir « Terra » et « Former » soit « former comme terre ». Ils avaient cependant été prévenus des risques. À la moindre erreur, il y aurait des conséquences imprévisibles ! Ils sont, malgré tout, allés de l’avant avec leur idée. 

 

Tout a commencé avec la redirection d’astéroïdes de glace pour augmenter la densité de l’atmosphère et la quantité d’eau sur la planète rouge. Jusque-là, tout allait bien. L’OMM a par la suite installé des extracteurs d’atmosphère. Cela a augmenté le risque d’un éventuel échec, car ces machines concentraient des gaz pouvant former des maladies s’ils étaient en trop forte densité et mélangés entre eux en trop grosse quantité. Le doute était de plus en plus présent sur Mars par rapport à la réussite de cette terraformation. 

 

Jusqu’au jour où un vaisseau spatial apportant du matériel propice aux développements des colonies eut un accident et s’écrasa sur un extracteur d’atmosphère. Les gaz se mélangèrent et donc, ce qui devait arriver arriva. La colonie juste à côté des machines fut infectée d’un virus jusqu’alors inconnu. Malheureusement, les colons ne purent pas détecter la maladie et allèrent dans d’autres colonies comme ils n’avaient plus d’endroit où habiter. C’est ainsi que la quasi-totalité de Mars fut infectée et, tranquillement, les premiers morts furent enregistrés. Nous nommons encore aujourd’hui cette période d’échec de terraformation comme l’apocalypse. De plus, sur Terre, à cause de l’économie, nous n’avions pas pu envoyer de vaisseaux de secours. 

 

Nous croyions que tous les martiens avaient été infectés ou du moins une majorité et une autre est morte. Il existait cependant un groupe de rebelles, originellement rassemblés par un ancien militaire s’appelant Robert qui aujourd’hui dirige cette colonie et ne sort jamais, ou tout au plus très peu pour ne pas être infecté. Les rebelles vivaient protégés de cette épidémie dans une grotte qu’ils avaient légèrement modifiée et équipée pour la rendre habitable. Ce groupe de survivants comptait approximativement 20 membres. Pour subvenir à leurs besoins, ils devaient commettre quelques vols dans les anciennes colonies. Leur philosophie étant : « Vaut mieux des survivants non infectés, que des survivants infectés ou morts.» Pour être capables de respirer, ils pouvaient garder l’oxygène facilement dans leur habitation, car ils étaient dans une grotte qui empêchait l’oxygène de se disperser et cultivaient des plantes pour transformer les gaz expirés en gaz respirables. De plus, ils avaient un puits d’eau qui pouvait encore subvenir à leurs besoins pour 1 mois. Ils devaient donc se dépêcher de trouver un moyen de quitter cette planète mortelle.

 

Ce groupe avait donc envoyé une équipe de 4 explorateurs confirmer les coordonnées d’une épave de vaisseau et étudier les possibilités d’une éventuelle remise en marche. Les survivants avaient choisis l’équipe d’exploration, car ils avaient, selon les tests, le meilleur système immunitaire et habituellement seulement eux sortaient de la grotte pour éviter d’exposer la colonie entière aux risques du virus.

— Vous en avez encore pour longtemps ? dit une voix masculine grave venue d’un émetteur radio.

— Encore treize minutes et nous serons bientôt à cette fameuse colonie, Robert. Nous n’avons aucun signe de vie sur notre radar. Tout devrait se passer comme prévu, dit Gilles au chef qui, lui, était resté à la grotte.

— Parfait, n’oubliez pas que cette expédition n’est que de l’exploration pour confirmer nos informations. Terminé, lui répondit Robert.

 

Les 4 explorateurs, Gilles, Alicia, Alfred et Carl, chargés de la mission, continuèrent leur route raboteuse à bord d’un véhicule imposant vers la colonie abandonnée ; aussi nommée Utopia Planitia en l’honneur du nom de cette région martienne. Le rover dans lequel ils roulaient était massif, il contenait l’équipement nécessaire pour y passer au moins une semaine et pouvait facilement rouler sur les sols bruts. Gilles et son équipe avaient toujours la frayeur de trouver un lieu où des humains contaminés y étaient, car il savait pertinemment que s’ils contractaient le virus, ils seraient éliminés. 

 

Gilles, dans son passé, avait été un explorateur des fonds marins et c’était à son habitude de gérer une équipe d’explorateurs. Il avait eu deux enfants mais ceux-ci étaient restés sur Terre et il n’avait jamais eu de nouvelles d’eux depuis ce temps, idem pour sa femme qui lui manquait terriblement. Gilles restait silencieux pour ne pas déranger les autres survivants avec ses problèmes personnels. Il était reconnu pour ses nombreuses espèces découvertes dans les abysses des océans les plus dangereux.

 

Alicia, elle, avait été une exploratrice de l’esprit, elle avait réussi à comprendre comment les pensées et les êtres réfléchissaient et agissaient face à différentes situations. Cependant, elle n’avait pas de famille, ses parents étant alcooliques et n’ayant simplement jamais eu d’enfants. Cependant, les découvertes d’Alicia sur l’humain avaient été utiles pour le groupe des premiers hommes qui étaient allés sur Mars, car le voyage était très long et les émotions humaines avaient une certaine limite.

 

Alfred avait étudié toute sa vie dans les propriétés minérales. Il avait découvert de nouvelles propriétés qui avaient été utiles dans la construction d’habitats martiens. Cependant, sa famille était morte, pendant qu’il partait pour Mars, elle avait pris l’avion du retour car elle était venue assister au décollage mais celui-ci avait eu un problème et s’était écrasé en plein océan. Les sauveteurs ne s’étaient pas dépêchés, les membres de sa famille étaient tous morts. Mais Alfred était résilient et s’était dit qu’il allait se refaire une histoire sur Mars… 

 

Carl avait travaillé dans les bureaux pour concevoir les vaisseaux spatiaux de la deuxième génération. Par contre, il n’aimait vraiment pas être dirigé par quelqu’un au-dessus de lui mais, avec le temps, il s’y était fait (et était devenu un peu plus indulgent). Il n’aimait pas vraiment parler de sa famille pour des raisons obscures que nul ne connaissait. Les autres membres de la colonie émettaient plusieurs hypothèses dans son dos. Notamment, le fait qu’il pourrait avoir été créé en laboratoire car sa date de naissance correspondait à un autre événement en lien avec une catastrophe que les médias avait découverte. Un humain avait été conçu en laboratoire mais nous ne l’avions jamais retrouvé…

 

Enfin arrivés à destination, les 4 survivant prirent un repas à l’intérieur de la base mobile et se piquèrent avec une seringue au niveau d’une veine dans l’avant-bras. Cette piqûre était essentielle pour s’assurer que personne n’avait le virus et pour éviter une éventuelle propagation entre les survivants. Cependant, Gilles avait obtenu un résultat positif sur son indicateur, il cacha immédiatement l’échantillon et ne dit rien. « Pourvu qu’on se sorte bientôt de cette mauvaise posture », pensa Gilles en se caressant la moustache et en remarquant sa respiration maintenant accélérée.

 

Alicia avait noté que ce genre de réaction de la part de Gilles signifiait qu’il pensait à quelque chose… 

— Tu as l’air d’être dans de profondes pensées, dit-elle immédiatement à Gilles avec un ton gêné par le silence qui régnait dans le véhicule et par la taille de l’homme. 

Les autres, suite à ces mots, se retournèrent discrètement vers lui, intrigués.

— Ah ! Ce n’est que… rien, rien, répondit-il.

— En tout cas, sache que nous sommes là pour toi si jamais tu as besoin d’aide dans tes réflexions, dit-elle avec une expression concernée.

— Ça va aller, merci bien, dit-il pour clore cette discussion angoissante le plus rapidement possible.

Les autres, à la suite de cette discussion, le dévisagèrent quelque temps et, après leurs brefs préparatifs, sortirent du véhicule, armés.

— Nous sommes sortis Robert, nous nous dirigeons vers l’épave du vaisseau, dit Gilles par l’émetteur radio.

— Parfait, faites-moi signe quand vous serez arrivés… si elle est là bien entendu, répondit Robert, terminé.

 

La progression fut volontairement lente au cas où il y aurait de la vie, ils commencèrent par fouiller les différentes installations, on leur avait donné l’ordre d’éliminer toute forme de vie, sauf végétale.

— J’ai trouvé, dit Alicia.

— Un remède ? répondit Alfred d’un ton blagueur puisque tous savaient qu’il n’y avait presque aucune chance qu’on trouve une façon d’éliminer le virus.

— Non, l’épave, elle a l’air en bon état. Si nous avons le nécessaire pour remettre ça en marche, on pourra forcément quitter cette planète maintenant toxique. Tout a l’air de pouvoir fonctionner avec de l’électricité et du carburant, dit-elle en faisant le tour de celle-ci.

 

Carl et Gilles s’approchèrent à leur tour de l’épave, ils étaient impressionnés par la taille de l’engin qui dominait la colonie d’à côté. C’était un des derniers vaisseaux conçus par les humains lors de la Deuxième révolution spatiale, mais surtout une prouesse technologique. C’était le genre de vaisseau auquel, durant les années 2000, nous n’aurions jamais cru. Une ombre gigantesque s’étendait sur le sol, celle-ci était d’une taille inimaginable. Les explorateurs réalisèrent la chance qu’ils avaient de trouver ce navire de l’espace en état réparable. Ils pourraient enfin quitter cet astre maudit par leur civilisation. 

 

Gilles se rendit compte que le soleil s’éclipsait et il savait qu’il était dur de naviguer lorsqu’il faisait noir.

 

— Retournons avec les autres survivants, nous avons terminé la mission et il fera bientôt noir, dit Gilles aux autres. 

 

Le retour au rover se fit beaucoup plus rapidement qu’à l’aller. Une fois dans le rover, Gilles reprit sa place de pilote avec son copilote Alfred, qui était pour sa part relativement maigre, c’est pourquoi il s’attardait aux tâches qui en demandaient moins au corps. 

 

Malgré le virus qui courait sur cette planète rouge, ils pouvaient admirer, pendant le trajet, les paysages magnifiques, avec les canyons rouge orangé et le doux vent qui faisait mouvoir le peu de sable. Sans oublier les quelques taches bleues sur le rouge, créées par les minéraux, qui embellissaient chaque zone de cette planète. 

 

De retour à la base, ils passèrent dans un sas de désinfection afin que le rover puisse être utilisé à nouveau sans risque. Ils débarquèrent du véhicule pour parler des nouvelles aux autres. Robert, qui n’avait pas pu être là en personne durant l’expédition, arriva d’un pas pressé…

— Pourquoi ne m’avez-vous pas contacté quand vous êtes arrivés à destination ? Nous étions inquiets et… attendez, il n’y avait pas d’épave ? dit Robert avec un ton d’inquiétude.

Carl s’avança et mit une main sur l’épaule de Robert qui s’arrêta.

— Parfois, il y a des moments durs, parfois on en sort, parfois non… dit Carl avec un ton grave.

Le visage de Robert paraissait de plus en plus effrayé.

— Mais je crois que dans notre cas, nous nous en sortirons, ajouta Carl, la voix teintée d’humour.

Robert soupira de soulagement en entendant cette conclusion, signifiant qu’ils avaient bel et bien confirmé les coordonnées du vaisseau.

— Ne me faites plus ce genre de blague, dit-il avec un sourire en coin et en pointant du doigt. Allez rejoindre les autres, nous allons souper sous peu.

 

Ils laissèrent le rover dans le garage où il y en avait quelques autres et se dirigèrent dans une grosse salle, qui était déjà presque pleine. Tous commencèrent à manger en silence jusqu’à ce que 2 scientifiques soit, Philippe et Camille prirent la parole :

— Nous croyons avoir trouvé un remède contre le virus, débuta Philippe, nous avons pensé que comme la Terre n’avait pas ce virus, alors c’est forcément que les conditions d’atmosphère, du sol ou des liquides contiennent un antivirus contre celui-ci. Nous pensons donc qu’il suffirait de créer un environnement, une salle plus particulièrement, qui reproduirait les conditions. Cependant, nous sommes déjà en manque d’eau et nous en aurions besoin de beaucoup.

— Nous avons donc décidé d’envoyer un drone contrôlé à distance pour repérer les sources d’eau, continua Camille. Les seules restantes sont cependant dans une colonie où il y a des gens infectés, soit le ¾ de la population totale. Nous avons donc pensé envoyer l’équipe d’exploration si elle le veut bien.

Gilles prit alors la parole avec un ton d’impatience :

— Écoutez, nous ne sommes que 4 et nous ne pouvons pas faire 2 choses à la fois, il se tourna vers l’ensemble des survivants et reprit d’un ton plus calme, nous avons trouvé une épave de vaisseau et celle-ci peut être remise en marche, elle est notre seul espoir.

 

À ce moment, nous pouvions entendre des rumeurs dans la salle, Robert exigea le silence de nouveau pour que Gilles continue.

— De notre côté, nous devons partir à la recherche d’un bras mécanique qui nous permettra de soulever cette épave et d’un éventuel extracteur d’atmosphère pour produire le carburant nécessaire.

Il se retourna vers les deux scientifiques ayant maintenant un air compréhensif.

— Comme vous nous l’aviez dit, nous n’avons plus beaucoup d’eau. Il faut donc quitter cet endroit bientôt et il y aura bientôt la saison des tempêtes, nous devons donc partir sous peu. Cependant, nous pouvons vous aider avec les préparatifs pour cette expédition risquée.

— Nous comprenons tout à fait, enchaîna Philippe, et c’est avec plaisir que nous ferons notre part d’exploration, dit-il d’un ton neutre.

Les 20 survivants s’injectèrent alors leur piqûre, Gilles dissimula encore son résultat aux yeux des autres, mais ne manqua pas d’attirer l’attention de Robert…