Arts et littérature

Une soirée au creux de ma tête

Seul, au bord du feu qui est la seule lueur atteignant mes yeux, je me perds dans mes pensées. Les pensées que la plupart des gens tâchent d’éviter. Je me remets en question, moi et les décisions qui m’ont mené à devenir qui je suis. Je me demande comment aurait été mon présent si j’avais pris d’autres décisions et à quoi ressemblera mon futur en prenant celles que je m’apprête à prendre. Je sombre peu à peu dans cette douce mélancolie qui m’emporte au rythme de quelques notes de Chopin. Que serait-il arrivé si j’avais dédié ma vie entière à une cause juste? Qu’est-ce qui m’a poussé à devenir cet homme qui recherche une perfection bien illusoire au détriment de sa propre personne? Pourquoi accordons-nous tant d’importance aux pensées qu’une poignée d’inconnus ont sur nous plutôt que de réfléchir à ce qui pourrait réellement nous épanouir? Nous sommes dans une ère bien triste de ce monde. Les gens sont tourmentés et attristés. Pour la plupart d’entre eux, ils se posent trop de questions sur le regard que les autres ont sur eux. La plupart ne prennent même pas le temps de réfléchir à leur propre vie, à ce qui serait le mieux pour eux. Dans ce monde où tout se déroule toujours au pas de course, nous avons perdu ces précieux instants qui nous rendent humains. Comme disait René Descartes : « Je pense, donc je suis ». Mais sommes-nous encore si, au lieu de réfléchir, nous ne faisons qu’imiter ce que les autres voudraient bien voir de nous? Ou sommes-nous tranquillement en train de devenir des robots formatés pour imiter? Je crois qu’un des plus grands fardeaux que ma génération porte sur ses épaules est celui de la comparaison. Brisant l’estime de soi, nous faisant nous concentrer sur des détails sans aucune importance et nous faisant oublier qui nous sommes. J’ai trop souvent vu des personnes bafouer les valeurs les plus chères à leurs yeux pour se fondre dans la masse et faire comme les autres. C’est évident qu’il est plus facile de vivre ainsi plutôt que de faire face aux regards sauvages des personnes qui nous entourent, mais à quel prix? J’ai entendu, il y a longtemps, une personne dire: « Si on ne fait pas de sacrifices pour nos rêves, alors ce sont nos rêves que l’on sacrifie. » Maintenant, seul dans la noirceur, je suis toujours dans mes pensées. Le feu s’est éteint et je ne ressens plus sa lueur atteindre mon cœur. À l’image de tous ces rêves abandonnés, il ne reste plus que des cendres. Mais, au creux de ma tête flotte encore l’idée qu’avec un peu d’énergie et de volonté, nous pouvons tous réussir à repartir un feu avec ces cendres qui sont encore chaudes et qui ont, autrefois, attisé notre imagination. Il faut simplement y croire, oublier le regard des autres, oublier nos tourments et nous concentrer complètement sur nos idées. Nous concentrer sur qui nous sommes plutôt que sur comment les gens nous perçoivent.

 

Julien Lapalme