Nous connaissons tous le principe du secondaire, c’est simple! À chaque année, de nouveaux élèves arrivent et les plus anciens partent. Mais savons-nous vraiment ce qui arrive aux étudiants diplômés après le secondaire? C’est pourquoi, j’ai décidé d’interroger une ancienne étudiante du Collège Saint-Paul, Valérie Archambault. Nous allons donc pouvoir découvrir comment se déroule la vie après le secondaire!
L’entrevue
Question: Comment te décrirais-tu?
Réponse: Eh bien, j’ai 18 ans. Je me décrirais comme une fille énergique et je sais que je parle énormément. Je suis blonde aux yeux bleus et je suis passionnée de théâtre. Ça explique pourquoi j’étudie à l’école de théâtre de Saint-Hyacinthe en interprétation.
Question: Quels rôles as-tu interprétés au secondaire?
Réponse: Lors de ma première année au collège, il n’y avait pas de spectacle. L’année suivante, j’ai interprété la reine Blanche, dans Alice au pays des merveilles, en parascolaire. En troisième secondaire, les professeurs d’Art de la scène ont décidé de refaire Alice au pays des merveilles. Cette fois-ci, c’était pendant les heures de cours et j’ai interprété Alice au lieu de la reine Blanche. En quatrième secondaire, j’ai fait partie du spectacle Manustro. Et pour ma dernière année, j’ai participé au spectacle La vague.
Question: Que fais-tu en ce moment au cégep? Comment ça fonctionne?
Réponse: Eh bien, à mon cégep, on ne fait pas de spectacle. On fait seulement des ateliers. Ces ateliers ne me mèneront nulle part, c’est pour apprendre de nouvelles techniques. Dans mon programme, les étudiants sont séparés en deux groupes, groupes A et B. Je suis dans le groupe B, mais le nom des groupes n’a pas d’importance. Les deux classes n’ont pas beaucoup d’étudiants, car les enseignants veulent être proches de leurs élèves.
Je n’ai jamais quatre cours par jour. Des fois, j’ai un cours dans la journée et j’ai le mercredi de congé. Au cégep, tu décides comment ton horaire est organisé. Dans mon programme, je fais deux années d’ateliers et, à la troisième année, je peux être coupée du programme. Ce qui veut dire que les enseignants vont choisir, par exemple, 6 personnes sur environ 26 pour continuer en théâtre. Alors, il y a peu de chance que je sois choisie.
En même temps que mes cours de théâtre, je fais les cours de base. Donc, si je suis coupée, je vais pouvoir continuer avec des cours réguliers pour étudier dans un autre métier. Si je suis choisie, je vais faire des spectacles devant un gros public. L’avantage des étudiants au cégep, c’est que tu vois chaque professeur seulement une fois par semaine pendant 3 ou 4 heures. Alors, si tu ne l’aimes pas, c’est le seul moment où tu dois l’endurer!
Question: Est-ce que tu as de gros projets en ce moment?
Réponse: Je travaille effectivement sur un projet. Récemment, je suis allée à Los Angeles pour continuer ce projet qui va sortir en décembre. Je ne peux pas vous en dire plus, désolée! Sinon, j’ai des petits contrats. Comme pour le mois prochain, j’en attends trois.
Question: Aimerais-tu aller à l’université?
Réponse: Oui, j’aimerais y aller, car j’aime apprendre et j’aimerais pouvoir me perfectionner dans ce que je vais faire dans la vie. Le seul inconvénient, c’est que je ne sais pas quand je vais avoir des contrats. Alors ce que je fais, c’est comme se jeter dans le vide. Le théâtre va peut-être me mener nulle part, mais je fonce quand même et je me donne à fond!
Question: Qu’est-ce que tu préfères au cégep?
Réponse: Par dessus tout, au cégep, je ne suis pas obligée d’aller à mes cours, de faire mes devoirs ou de faire mon examen. Mais au final, si je ne fais pas ça, c’est moi la pire. Là-bas, personne ne va te rappeler que tu dois étudier le soir, car tu as une évaluation demain. Ça te donne une liberté. Parfois, ce n’est pas nécessairement une bonne chose pour tout le monde, mais pour moi oui. Cette liberté m’a permis de me prendre en main. Je suis sortie d’un secondaire tellement serré pour aller au cégep où tu es libre. Et grâce à ça, je suis devenue maître de ce que je fais.
Quand nous sommes 60 dans une classe et que le professeur te demande la réponse d’un devoir, tu te sens alors tellement coupable de ne pas l’avoir fait que pour les prochains devoirs, tu vas les faire! Moi je fais mes devoirs, car je veux comprendre la matière et réussir. Au cégep, tu t’arranges toi-même, tu dois être autonome. Le directeur ne va jamais appeler tes parents pour leur dire que tu n’es pas en classe. C’est à toi de te prendre en main pour réussir!
Question: Est-ce que tu vas exercer un métier en lien avec le théâtre?
Réponse: Oui, j’espère bien! Si je continue en théâtre, j’aimerais faire des tournées et finir en enseignement du théâtre. Et si je ne continue pas dans ce domaine, j’aimerais étudier dans un hôpital psychiatrique. Je le sais, c’est bizarre. Quand je dis ça, on me regarde en se demandant: C’est qui cette folle? Mais oui, l’hôpital psychiatrique m’intéresse.
Question: De quels professeurs t’ennuies-tu le plus?
Réponse: Il y en a trois dont je m’ennuie le plus. Elles sont Mmes Aubé, Nareau et Gauvin.
Madame Aubé, je l’adore! Elle ne m’apprenait pas juste des choses dans le cours, mais aussi dans la vie. Elle m’a prise à part, pendant son temps libre, pour m’apprendre comment marche un ordinateur, car je suis dyslexique dysorthographique. Madame Aubé m’a appris que la vie est simple, toujours simple, toujours belle et toujours le fun. Elle ne se fâche jamais. Elle a été mon modèle et elle est toujours souriante!
Il y a aussi Mme Nareau avec qui j’étais vraiment proche. Elle me ramenait souvent sur terre en disant: « Valérie, la diva, assieds-toi! » Madame Nareau me calmait. Et ce qui est le plus impressionnant chez elle, c’est son imagination. Madame Nareau a littéralement une imagination incroyable et infinie! En cinquième secondaire, on était en production des tableaux pour le spectacle de fin d’année, La vague. Alors, elle nous parlait de comment ça allait se dérouler. Tout à coup, elle arrête et regarde au loin. Elle se frotte la tête dans ses cheveux blonds. Et elle finit par dire: « Ok, j’ai une super idée! On va monter un stage qui va être sur un deuxième stage. Les personnages vont pouvoir passer en-dessous pour monter au deuxième. Ils vont passer par des trappes… »Tout le monde la regardait en se disant: « De quoi elle parle? Ça ne va jamais marcher. » Presque tout le monde ne comprenait pas ce qu’elle disait et ceux qui comprenaient n’y croyaient pas. Et bien son idée a fonctionné! Au spectacle, il y avait toutes ses idées. La passion de cette enseignante m’a impressionnée. Elle m’a fait triper, car elle capote sur ce qu’elle entreprend. Il ne faut pas oublier Madame Gauvin qui a une façon d’agir avec les jeunes que j’adore. Elle est vraiment bonne. Elle m’a allumée, dans le sens qu’elle me disait souvent de m’activer, de pas rester assise, de faire ce que j’ai à faire et de montrer à tout le monde qui je suis.
Ce sont ces trois enseignantes qui m’ont fait évoluer. Je vais toujours aller voir les spectacles de mes professeures d’Art de la scène et je suis là pour elles si elles ont besoin d’aide. Si je pouvais avoir des enseignants de Saint-Paul au cégep, ce serait ceux-là.
Question: Est-ce que tu étais la seule en cinquième secondaire qui a été admise au cégep de Saint-Hyacinthe en théâtre?
Réponse: Oui, mais beaucoup de ceux qui étaient avec moi en cinquième secondaire ont continué le théâtre dans d’autres cégeps. Pour les auditions, afin d’aller en théâtre à Saint-Hyacinthe, il y avait environ 300 personnes qui voulaient y entrer mais seulement 6 à 10 personnes ont été acceptées. C’est très difficile d’entrer à cette école et, pour y arriver, j’ai dû être coachée pendant un mois. Aux auditions, c’était intense car on te demandait de faire des techniques de théâtre que tu n’avais jamais pratiquées.
Question: Quels sont tes moments les plus marquants du secondaire, par exemple: le bal des finissants ou la remise des diplômes?
Réponse: Même pas! Lors du bal, je me suis mise belle et j’ai mangé, ça n’a pas vraiment été marquant. Tout comme la remise des diplômes où j’ai monté les marches chaussée de pantoufles de licorne. Mais je pense que mon moment marquant, c’est tout ce que j’ai fait avec ma classe. Tous les jours, on trouvait quelque chose à faire pour s’amuser et il se passait toujours une péripétie. J’avais du plaisir avec mon groupe. Et je vous jure que j’ai des anecdotes à n’en plus finir! On était vraiment liés. C’est le groupe 52 qui m’a marquée à vie!
C’est son groupe qui l’a marquée. Je suis sûre que si j’avais interviewé d’autres anciens élèves, la plupart ne m’aurait pas dit le contraire! Voilà ce qu’est devenue une des anciennes étudiantes du Collège Saint-Paul. Bref, je crois que c’est normal de ne pas savoir encore quel métier nous intéresse et ce n’est pas si mal en fin de compte de ne pas le savoir. On peut donc tous se jeter dans le vide comme Valérie!