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Quand les habits sèment la zizanie…

Quand je me lève le matin, ma routine est toujours la même, et ce, depuis de nombreuses années. J’enfile un coton ouaté, question de conserver la chaleur douillette de mon lit, je déjeune, je mets mon uniforme et je me coiffe les cheveux. C’est la même comptine redondante, du lundi au vendredi, 180 jours par année, depuis que je suis en maternelle. Cependant, lorsque je suis arrivée au secondaire, il y a un seul élément qui s’est embrouillé: la fameuse tenue vestimentaire. 

En toute honnêteté, je m’attendais à ce qu’il y ait des règles. Nous sommes dans un collège privé, il faut quand même se soumettre à un certain standard. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est la pagaille que le code vestimentaire sèmerait. En 5 ans, j’ai vu passer autant de règles concernant l’habillement que de morceaux de vêtements dans ma garde-robe. Plus je gravissais les échelons me rapprochant de mon diplôme, plus les exigences devenaient nébuleuses. Aujourd’hui, je flotte carrément parmi les nuages lorsqu’il est question du code vestimentaire.

S’habiller, ça ne devrait pourtant pas être compliqué. 

Bien évidemment, tous les élèves sont tenus de mettre l’uniforme durant les heures de cours, à moins d’avis contraire. Ainsi, seulement les jupes, pantalons & polos de la collection scolaire sont autorisés. Étonnamment, c’est tout ce qui est écrit dans le code vestimentaire. Cependant, les adolescentes se font arrêter de multiples fois dans les corridors et reçoivent plusieurs avertissements concernant la longueur de leurs jupes. Aucune indication dans la politique d’habillement mentionne la longueur appropriée dans un cadre scolaire. En fait, il est souvent mentionné que la tenue vestimentaire se doit d’être décente et modeste.

Il faut admettre, en 2022, que nous ne devons pas nous attendre à ce que la jupe des étudiantes leur arrive aux genoux, comme ce fut le cas à l’époque Duplessiste. Si les avancées technologiques permettent à Apple de sortir l’iPhone 14 en septembre prochain, cela signifie que la société a nécessairement évolué. Malheureusement pour les jeunes filles, les standards exigés semblent être figés dans le temps. Nous ne sommes plus ici dans une question de débat à savoir si les jeunes exagèrent lorsqu’ils s’habillent. Je considère qu’il s’agit plutôt de discrimination entre les attentes vestimentaires des femmes par rapport à celles des hommes. Il n’y a personne qui va questionner la façon dont les garçons s’habillent à l’école. À vrai dire, certains d’entre eux achètent des pantalons de jogging bleu marine hors collection et ne se font même pas remarquer. Est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer en quoi ce pantalon mou est plus « modeste » qu’une tenue de ville portée par une fille?

Par ailleurs, pour qu’un code vestimentaire soit respecté, celui-ci se doit d’être clair, non? C’est plate à dire, mais je suis convaincue que l’idéologie de laisser du lousse est inévitablement vouée à l’échec. Faire preuve de jugement. C’est respectable comme consigne…jusqu’au moment où il faut débattre, qui entre l’adolescente et l’adulte, fait preuve d’un meilleur jugement. Peut-être allez-vous me lancer des roches lorsque je vais vous dire ceci, mais selon moi, ce n’est pas toujours l’adulte qui a raison. Il est vrai que la personne majeure et responsable détient toujours le droit de veto, mais cela ne veut pas dire pour autant que celle-ci a nécessairement raison. Vous voyez, l’adulte prend une décision basée sur son expérience, ses valeurs et la génération dans laquelle celui-ci a été élevé. En revanche, une adolescente prend une décision basée sur ce qu’elle voit autour d’elle, soit les réseaux sociaux, les autres jeunes de son âge et son désir de s’exprimer. Il est normal que ces deux personnes n’adoptent pas la même opinion ou les mêmes comportements; il s’agit de deux générations entièrement distinctes qui possèdent des référents totalement différents. C’est pourquoi je pense qu’il est important que les exigences soient claires afin d’éviter les plus de malentendus possibles, contrairement à ce qui se passe lors des dernières journées où l’uniforme n’était pas obligatoire.

Lorsque l’on regarde les consignes officielles envoyées dans un courriel pour les journées couleurs, c’est simple comme bonjour de comprendre que la génération X et les milléniaux ne seront pas en accord avec la génération Z. 

Une tenue vestimentaire appropriée. Une tenue vestimentaire de bon goût. Une tenue vestimentaire pas trop osée. Aucuns pantalons troués ni de crop-top autorisés. Aucun symbole haineux ou à caractères sexuels tolérés. «On ne veut pas voir votre nombril ». Y a-t-il un problème avec mon nombril? Tous les humains nés sur cette planète possèdent un nombril! 

La définition d’un crop-top dans les années 80 n’est plus la même qu’en 2022. Auparavant, un chandail qui arrivait en haut des hanches était considéré comme crop-top. Aujourd’hui, tout chandail plus long que ça est pratiquement considéré comme une tunique. Un top qui arrive à la hauteur du nombril, c’est rendu aussi commun pour notre génération que des masques bleus anti-covid!

D’autre part, les personnes en charge ne peuvent pas s’attendre à ce que le jugement d’une adolescente ressemble à ce qu’ils ont en tête alors que les vêtements qui leurs sont offerts en magasin proviennent d’un tout autre monde. Ne voyez-vous pas l’ironie? Les modélistes en vêtements conçoivent des morceaux que les entreprises se font un plaisir de publiciser. Il s’ensuit que les adolescentes fortement influencées vont se procurer ces morceaux de dernière tendance. En contrepartie, les adultes du même groupe d’âge que ceux qui ont commercialisé ce linge vont critiquer ce que portent les jeunes de nos jours!

Finalement, l’histoire des pantalons troués…vous voyez nos genoux tous les jours lorsqu’on met des jupes, mais parce qu’il s’agit de jeans bleu ou noir, ça ne passe pas. Cependant, ce même pantalon porté par un garçon passera assurément inaperçu car la population générale est trop occupée à réglementer les filles. Ne voyez-vous pas le problème?

Le malentendu dans toute cette histoire, c’est que les consignes ne devraient pas être subtilement données dans un courriel à envoi massif quelques heures avant la journée libre d’uniformes. Elles devraient être inscrites dans le code de vie plutôt que de simplement citer «Vêtements adéquats et appropriés au milieu scolaire. La direction se réserve le droit d’intervenir en tout temps ». Cette règle n’apporte pas d’uniformité au sein du personnel et ne définit aucunement le moment où une intervention est requise. Dorénavant, je pense qu’il est nécessaire que les demandes d’habillement soient réévaluées car après tout, nous sommes un collège aux possibilités infinies…sauf lorsqu’il est question du code vestimentaire. 

 

P.S. Chers lecteurs, ce texte a été écrit dans le but de strictement dénoncer une situation que j’ai vécue depuis les 5 dernières années. Il s’agit de mon opinion personnelle sur le sujet et ne vise personne en particulier. C’est en dénonçant des situation de façon pacifique que nous pouvons faire progresser les choses. Au plaisir de mettre en mots sur vos pensées,

Livia

 

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