Vie scolaire

Entrevue avec une voyageuse, Camille Deblois

Si je vous donnais un sac à dos et un billet d’avion, où iriez-vous et pourquoi? Peut-être que vous me répondrez la plage pour profiter de la chaleur, ou bien Rome pour visiter des monuments historiques. Évidemment, tous les goûts sont dans la nature! J’ai interviewé une ancienne élève du Collège, qui a visité plusieurs pays, pour savoir pourquoi elle est partie seule dans d’autres régions du monde. Voici donc le résultat de mon entrevue avec Camille Deblois!

 

•    Quelles études as-tu faites?

J’ai fait mes deux années de cégep, donc j’ai étudié en sciences humaines, un peu de psychologie, beaucoup d’anthropologie, un peu de sociologie, tout ce qui tourne autour de l’humain. Mais en ce moment, depuis que je suis revenue, j’ai commencé l’université à l’UQAM, l’université du Québec à Montréal  pour faire un Baccalauréat en psychologie. J’ai commencé, c’est ma première session, ma première année, ça se peut que je change, ça se peut que je finisse mon BAC, je sais pas. J’y vais une session à la fois pis je vais voir ce qui va arriver avec ça.

 

•    Que retiens-tu du Collège Saint-Paul?

Ouf! Plein de bonnes choses! Les profs surtout, vraiment là, les profs. Parce que le secondaire ça peut être vraiment facile mais ça peut être aussi très difficile comme moment. Les amis des fois c’est pas facile, ta personne des fois c’est pas facile, savoir qui t’es, qui tu veux être. Mais les profs vraiment ont une bonne capacité d’écoute, ils sont disponibles. Je pense que c’est ça le clash quand tu sors du secondaire, et que tu vas dans une plus grande école, tu réalises que les profs sont pas aussi disponibles qu’au secondaire. Aller les voir sur l’heure du midi, c’est rassurant et gratifiant d’aller leur parler. Moi, ce qui m’a marqué c’est ma relation avec certains professeurs. Est-ce qu’ il faut que je nomme des noms? (Rire) Ben, Madame Aubé for sure, Madame Barrios aussi, Monsieur Leblanc, Monsieur Duval… Monsieur Leblanc à cause du Costa Rica et du Guatemala. Madame Anie Remington aussi énormément à cause du Guatemala et de la personne qu’elle est. Y’en a un ou une que j’oublie c’est sûr… Monsieur Samson of course, Madame Lessard, Madame Sainte-Marie à certains niveaux… (rire) à sa façon elle était très marquante et aimable. Sinon à part ça… c’est pas mal ça!

 

•    Pourquoi voyager?

Hum…mon dieu… parce que, parce que… Je voulais voir le monde parce qu’après mes voyages au Costa Rica et au Guatemala, je voulais aller voir plus, parce que ce qui m’a marqué de mes premiers voyages, c’est qu’on voit beaucoup mais on voit pas beaucoup. Comme au Costa Rica, on avait une semaine et, au Guatemala, on avait deux semaines et on en voyait tellement beaucoup mais on voulait toujours en voir plus, tout le temps. Et d’aller voir comment ils vivent à l’autre bout du monde, c’est tellement différent d’ici, ça n’a aucun rapport avec comment on vit ici et, souvent, le taux de bonheur est beaucoup plus élevé dans les pays sous-développés, je pense que c’est ça qui m’attirait le plus, d’aller voir le bonheur et la simplicité involontaire et qu’à quel point d’avoir rien dans la vie, ça peut amener autant de bonheur que d’être riche et d’avoir sept yachts. Me faire déstabiliser, d’apprendre de nouvelles langues, de nouvelles choses, manger de la nouvelle nourriture, tout ça. C’était en moi. C’est peut-être un peu tiré par les cheveux mais c’est comme demander à quelqu’un, pourquoi t’es devenu homosexuel. Pourquoi je suis partie en voyage, ben, c’était en moi, j’avais vraiment la drive pour partir, j’ai commencé à y penser quand j’avais environ treize-quatorze ans. Les premières fois que je suis partie en voyage,  ça venait de profond.

 

•    Quel a été ton trajet?

Brésil, Tanzanie, Inde, Népal, Philippine, Vietnam, Cambodge, Brésil et Colombie.

 

•    Si tu devais retourner en voyage dans quel pays aimerais-tu aller?

Probablement que je dirais beaucoup de pays en Afrique, énormément de pays en Afrique. Je pense pas que j’irais en Amérique du Sud parce que je suis vraiment tombée en amour avec le Brésil, donc c’est sûr que si je retournais en Amérique du Sud, je retournerais au Brésil ou au Mexique.  Mais beaucoup, beaucoup en Afrique ou sérieux la Mongolie, ça a vraiment l’air beau, ça a l’air d’un pays pas beaucoup marché, dans le sens qu’il n’y a pas beaucoup de personnes qui y sont allées. C’est une mini, mini population qu’y a là, c’est vraiment proche du Népal et j’ai adoré le Népal. J’ai adoré que le Népal soit un peu back top comme pays, les gens sont dans leur petit quotidien, vivent dans les montagnes. J’aime beaucoup les pays montagneux, j’adore les montagnes ou l’inverse comme un grand désert ou la jungle, j’aime de tout. Mais en Afrique, j’irais plus dans le nord comme au Togo, au Ghana et au Bénin. Il y a aussi la Mauritanie, la Côte d’Ivoire et tout ça, dans ce coin-là. Ou complètement dans le sud, j’irais au Mozambique parce que c’est une colonie portugaise pis je pourrais parler portugais là-bas.

 

•    Est-ce qu’il t’est arrivé des mésaventures (Anecdotes)?

Oui! Je vais essayer de le faire le plus PG thirteen possible. C’était en Inde, je m’étais souvent fait dire de ne pas voyager la nuit et j’ai voyagé la nuit, une fois, et une seule fois, parce que c’était la dernière fois que j’allais faire ça, c’était horrible. Là-bas, il y a énormément de trafic de femmes, une femme ça vaut vraiment beaucoup et les Indiens ont beaucoup d’attirance envers les femmes blanches… tu comprends qu’une femme blanche là-bas vaut plus qu’une femme indienne. À un moment donné, j’étais dans un autobus et ils ont décidé de me vendre à des Indiens. Donc, j’étais dans un autobus, je voyageais la nuit, dans un voyage de huit heures et, après à peu près cinq heures de voyagement, quand j’étais ben perdue là, ils ont décidé de me sortir de force du bus. Ils m’ont donné mon sac, par chance , j’avais encore mon sac, j’ai pu m’en sortir parce que mon père ne m’aurait jamais laissé partir si je n’avais pas eu d’arme sur moi. Et là, j’avais trois armes sur moi et, par chance aussi, il y avait deux autres filles qui s’étaient fait vendre en même temps que moi. Une de ces deux filles-là était québécoise donc, par chance, on a été capables de se parler et on a été capables de s’en sortir ensemble, après environ dix heures. Donc, il faut juste faire vraiment attention en tant que femme en Inde.

 

•    Est-ce que tu t’es ennuyée de ta famille et de tes amis?

Oui et non, parce que je savais que j’allais les revoir. Mais aujourd’hui, je m’ennuie beaucoup plus du monde que j’ai rencontré en voyage que je me suis ennuyée de ma famille pendant que j’étais partie. Je savais que j’allais revoir ma famille et mes amis, mais mes amis que je me suis faits à travers le monde, je ne sais pas quand je vais les revoir ou si je vais simplement les revoir.

 

•    Qu’est-ce que tu as appris de tes voyages?

Beaucoup! Qu’on peut faire beaucoup de choses seule mais, être accompagné, c’est important aussi. Que l’humain est un être super social et que la solitude c’est important à vivre, mais j’ai appris que d’être toute seule c’est important, mais que d’être accompagné c’est aussi très important. On se rend plus loin quand on est accompagné. Au début, je suis partie seule parce que j’avais pas beaucoup de monde qui voulait partir avec moi. En fait, il n’y avait personne, donc je me suis dit j’ai besoin de personne, je peux faire ça toute seule. Je suis un peu partie dans un mind-set, je peux tout faire toute seule. J’ai appris qu’on pouvait marcher plus loin à deux. C’est important de la vivre la solitude, mais c’est important d’avoir des amis et de la famille, du monde proche. Ah oui! Aussi, on attire beaucoup plus de monde avec du miel qu’avec du vinaigre, dans le sens que quand les choses ne faisaient pas mon affaire, ben moi, j’avais souvent tendance à péter ma coche et à ne pas être sereine. Le truc, c’est juste de rester calme et les gens vont avoir plus tendance à t’aider. C’est sûr que j’ai une personnalité quand même explosive, donc ça m’a appris à contrôler mes émotions, à être plus en contrôle des situations.

 

•    Est-ce que ta perspective de la vie a changé? Si oui, comment?

Énormément! Autant positivement que négativement, j’ai réalisé à quel point on est chanceux d’être au Canada. On a une sécurité ici qui est rare dans d’autres pays, surtout pour les femmes, nos droits ici en tant que femmes sont excellents. Je trouve qu’on est extrêmement chanceux dans la sécurité et dans la disponibilité des ressources, des savoirs, on a beaucoup de connaissances aussi. J’ai également réalisé qu’on est 8 milliards sur la planète Terre et il faut en prendre soin. Il faut vraiment faire attention à comment on utilise nos ressources fossiles, il ne faut pas abuser du plastique non plus. J’ai viré végétarienne, un peu parce que, selon moi, c’est une des meilleures façons d’avoir un impact sur l’environnement. Aujourd’hui, pourquoi l’Amazonie brûle? C’est pour avoir plus de place pour élever du bétail pour faire plus de viande, pour répondre à la demande mondiale. Donc, j’ai plus une compréhension de la grandeur de notre planète.

 

•    Qu’est-ce que ça te fait de venir donner des conférences au collège Saint-Paul?

C’est très bizarre! C’est vraiment le fun! En plus, avant que je parte pour mon grand voyage, Madame Aubé et Madame Barrios m’avaient suggéré de venir faire une conférence, j’étais genre ok… et là je l’ai déjà fait et c’est fini et je suis comme OMG. Mais qu’est-ce ça me fait? Je trouve ça spécial parce que ça fait juste trois ans que j’ai gradué, juste trois ans, c’est pas beaucoup! (…) Si quelqu’un m’avait dit, tu vas revenir plus tard pour parler de ton aventure, j’aurais répondu que ça aurait pris bien plus que trois ans pour ça, je pense.

Bref, Camille est une jeune adulte qui a décidé de suivre ses rêves pour se dépasser! Je pense qu’elle est un bel exemple d’authenticité et de détermination à suivre. J’ai hâte de voir si elle partira explorer de nouveaux pays et j’espère avoir la chance de lui reparler.

 

Les propos de Camille ont été retranscrits tels quels pour conserver leurs authenticités.