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De plus en plus pour de moins en moins

Pour en apprendre davantage sur les conditions de travail dans le milieu de la santé, nous sommes allées chercher l’avis d’une infirmière clinicienne. Depuis quelques années, les travailleurs de la santé travaillent de plus en plus pour un résultat de plus en plus petit. Dans ce reportage, nous allons approfondir le sujet en compagnie d’Isabelle Brunette, une infirmière clinicienne dans le métier depuis 1998. Comme mentionné plus tôt, les travailleurs en santé ont de plus en plus de la difficulté à avoir des conditions de travail vivables. Dans ces circonstances, il est très possible de vouloir demander plus de congés. Mais est-ce possible ?

Pour le découvrir, nous lui avons posé les questions suivantes :

Est-ce que demander un congé est difficile ? Est-ce que le CLSC (lieu de travail de Mme Brunette) peut vous refuser ce congé ? Elle nous a répondu à la positive : Il est possible qu’un employé se fasse refuser un congé. « Cela arrive fréquemment puisqu’il arrive que plusieurs employés demandent des congés en même temps. Dans ces cas-ci, ils vont par ancienneté. » De plus, de ce que nous pouvons comprendre, si l’employeur est en manque d’employés, il est possible qu’il refuse le congé. D’ailleurs, Isabelle nous a avoué avoir quitté son ancien emploi à l’hôpital Général Juif, où elle travaillait en tant qu’infirmière dans les soins intensifs et où elle travaillait avec les nouveau-nés, car les conditions étaient invivables pour commencer et fonder sa famille. Elle affirme que les horaires de travail, les quarts de travail et le temps que ça prenait pour se rendre au travail étaient très difficiles. Jours, nuits, soirs, toujours au travail. Elle confesse avoir été à l’envers. Elle trouvait cela épouvantable. Alors, pour cette raison ainsi que le fait qu’elle voulait fonder une famille, elle décida de quitter cet emploi. Pour en rajouter, nous lui avons posé une question sur la pénurie des travailleurs et comment celle-ci pouvait affecter son travail. Elle nous a répondu que cela augmentait sa charge de travail déjà importante et pouvait causer une instabilité dans son équipe. Cela pouvait également faire en sorte que les horaires ne soient jamais fixes. Malgré le fait qu’elle essaye d’équilibrer sa charge de travail, ses horaires dépendent de la disponibilité des autres infirmières. Son employeur a donc le dernier mot.

Parlant de charge de travail lourde, nous lui avons demander si cela était possible que la charge de travail excède sa capacité maximale. « Il arrive que, parfois, je doive rester avec des clients plus longtemps. Par exemple, il arrive qu’une famille arrive en même temps donc il est probable que je doive manquer mon dîner et arriver plus tard à la maison pour les aider. », a-t-elle répondu. Cela cause souvent un débalancement dans les horaires et un retard pour d’autres rencontres. Malgré le fait qu’elle arrive plus tard chez elle, le salaire est toujours aussi bas, affirme-t-elle. « Pas toujours, des fois, le volume de travail vaut plus et des tâches sont ajoutées à chaque année, donc le salaire devrait être plus élevé en fonction de cela. Les infirmières sont payées plus cher partout dans le monde à part au Québec. Selon moi, le salaire n’est pas assez élevé même pour l’augmentation et la charge des tâches. », répond-t-elle à la question suivante : Est-ce que vous pensez que votre salaire est juste pour la charge de travail demandée ? En effet, le salaire moyen d’une infirmière est de 55 000$ au minimum et 73 000$, au maximum. En comparaison, un médecin spécialisé gagne en moyenne 432 000$/an. Malgré le fait qu’ils ont un peu plus d’études, la charge de travail est pratiquement la même. Dans ce cas-ci, pourquoi est-ce que leur salaire ne devrait pas se ressembler plus ?

Nous lui avons demandé également si le gouvernement devrait s’investir davantage pour régler les problèmes mentionnés, et évidemment, elle a affirmé que oui. « Puisque nos conditions de travail sont mauvaises, il manque d’infirmières. Mais, puisqu’il nous manque d’infirmières, nous n’avons pas de bonnes conditions de travail. C’est une boucle qui ne s’arrêtera pas tant que le gouvernement n’interviendra pas. »

Elle garantit qu’il ya encore beaucoup de travail à faire pour améliorer la gestion du système de santé. De plus, avec la pandémie, il est encore plus nécessaire d’agir. Isabelle avoue qu’en plus des conditions difficiles déjà présentes, avec le COVID, c’était encore pire. Il y avait des mesures sanitaires, une charge de travail laissée par l’absence de certaines infirmières, son temps de congé encore plus diminué, les précautions sanitaires, les complications lors de rencontres, etc. Cela rend son travail encore plus difficile qu’il ne l’est déjà. Bref, il est temps de changer la manière de faire les choses. Pour Isabelle, pour tous les travailleurs, mais aussi pour nous qui bénéficions de ces services précieux.

Reportage réalisé par Justine Lorrain-Hamel et Florence Paré