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L’envers de l’écran

Stéphanie Harvey, plus connue sous le nom de MissHarvey, est une personnalité très reconnue dans le monde du jeu vidéo. Cette jeune femme de 36 ans est désormais professeure à l’Université du Québec, au campus de Trois-Rivières, où elle enseigne la microprogrammation du sport électronique. Pourtant, elle a travaillé beaucoup pour se rendre où elle en est aujourd’hui !

Retournons derrière l’écran d’ordinateur de cette jeune femme, plus précisément dans les années 2010…

Commençons par le commencement

Stéphanie est née le 19 avril 1986, à Beauport. Sa passion du jeu vidéo remonte au secondaire où elle découvrira le jeu qui la fera connaître plus tard, Counter-Strike. C’est durant ces années qu’arriva son pseudonyme : MissHarvey. Celui-ci fait référence à son nom de famille, Harvey. Après le secondaire, elle partira à Paris pour obtenir son baccalauréat en architecture.

Dès son retour à Montréal, elle débuta le partage, en direct via la plateforme Twitch, de ses sessions de jeu. Rapidement, la joueuse réussira à faire grandir une communauté de passionnés.

Sa carrière en tant que gameuse professionnelle sera officiellement lancée en 2005, lors de la Electronic Sport World Cup (ESWC), où elle se hissera à la 5e place. Miss Harvey attira l’attention d’Ubisoft, qui l’embaucha rapidement. Par la suite, ce ne fut qu’une montée fulgurante pour la jeune femme, alors âgée de 25 ans. La création d’une nouvelle équipe UBINITED en 2011, sponsorisée par Ubisoft, gagna l’événement féminin de ESWC. L’année suivante, l’équipe remporta le championnat du monde, suivie d’une troisième victoire en 2015, puis l’équipe féminine affronta de plus en plus d’hommes à partir de 2016. Cette folle carrière prendra fin en 2019, car Stéphanie Harvey ira travailler à temps plein pour une société de E-Sport.

Un travail de longue haleine

Pour n’importe quel amateur de jeu vidéo à travers ce monde, le parcours de Stéphanie peut avoir l’air idyllique. Malheureusement, cela est loin d’être la réalité de MissHarvey et encore moins à l’époque. En effet, durant une entrevue pour The Surge, elle dénoncera la triste vérité quant à son expérience de femme dans le monde du sport électronique.

« Quand j’ai commencé le jeu vidéo, j’étais vraiment une des premières, je ne le savais pas à l’époque, et ce n’était pas facile… Sur Internet, les gens n’ont pas à gérer les conséquences d’avoir insulté quelqu’un d’autre. Ils ne voient pas qu’ils ont blessé quelqu’un. Il m’a fallu une carapace solide pour réussir. »

À la suite de cette apparition médiatique, la joueuse utilisera sa plateforme pour parler de sexisme ainsi que discrimination de genre, de l’importante inégalité salariale puis, elle pointera du doigt la normalisation d’harcèlement et d’abus envers les femmes dans le monde électronique. L’activisme de la femme marquera à tout jamais la mentalité des adeptes de E-Sport, dont par la naissance de sa fondation en 2016. MissClicks est une communauté virtuelle contre le sexisme. Cette plateforme, sécuritaire pour les femmes, lutte en promouvant les meilleures joueuses.

Revenons au présent

Stéphanie est de loin l’une des pionnières lorsqu’il est question de la place des femmes et leurs droits dans le monde du jeu vidéo. Malgré le fait que sa carrière de sport électronique ait pris fin, elle a encouragé des milliers de femmes à travers le monde à persévérer et croire en elle. Elle est maintenant autrice d’un livre, Gameuse et fière de l’être, où on la découvre ainsi que sa bataille pour la cyberdépendance. Et comme si tout ça n’était pas suffisant, elle remporte The Canada’s Smartest Person. Elle est tout simplement une femme moderne qui a su être en avance sur sa génération. MissHarvey laisse derrière elle, un héritage d’une valeur inestimable aux jeunes filles qui souhaitent suivre ses pas… et penser à l’extérieur de la boîte !

 

Texte rédigé par Laurence St-Arnaud